dimanche 17 mars 2013

Mon patron (partie 2)

Pour comprendre l'étendue de l'aspect problématique de la prochaine expérience, une historique de mes rapports avec mon patron est nécessaire.

J'ai été engagée il y a environ 6 ans, alors que je terminais mon bac. Rapidement, j'ai commencé à subir des commentaires et questions intrusives à caractère sexuel de la part de mon patron: coudonc, t'es-tu aux femmes?, ouin toi c'est quoi ton genre de trip? (en faisant référence à ma vie sexuelle), alors que je sortais faire les courses il me dit en mimant une fellation, tu vas acheter des concombres?, en parlant de ses intrusions verbales et physiques lors d'un 5 @ 7, relaxe, chus pas ton boss à soir là. Ce ne sont là que quelques exemples.

J'ai subi ce harcèlement en silence pendant plusieurs mois avant de le confronter. Je faisais de l'anxiété à l'idée de rentrer au travail, des migraines, je pleurais beaucoup. Tout cela m'affectait énormément.  Je craignais de perdre mon emploi, le respect de mes collègues si je prenais des mesures. 

J'ai finalement réussi à  réunir le courage nécessaire afin de lui parler. Je lui ai calmement expliqué qu'il dépassait les limites non seulement de son rôle, mais de la décence de base, qu'il est en position de pouvoir et que cela rend la situation encore plus difficile pour moi, que j'exige qu'il cesse ces comportements de harcèlement sexuel. Il a acquiescé, non sans me demander ce que j'avais pu faire pour provoquer ces comportements. (Ça c'est un débat pour une autre fois.)

Rapidement après cela, le harcèlement sexuel s'est mué en harcèlement psychologique. Il dit à l'attention d'un collègue avec qui je parlais: attention, avec elle on peut pas dire n'importe quoi, témoin d'une embrassade entre moi et une collègue qui quittait le pays: pourquoi moi j'ai pas le droit de te toucher?, en faisant référence à mes limites en lien avec le harcèlement sexuel: t'es une sainte nitouche. Il faisait aussi souvent référence aux limites que j'avais mises en riant. Et j'en passe.

Je suis éventuellement partie en sans solde pour un voyage de plusieurs mois. Depuis mon retour il y a environ un an, les commentaires n'avaient pas recommencé. J'avais de l'espoir d'enfin  vivre dans un environnement de travail sain pour moi (à défaut de l'être pour d'autres). Mais non.

J'ai récemment été en arrêt de travail pour épuisement. À mon retour, mon patron a pris un moment avec moi pour vérifier la source de mon épuisement et voir si je m'étais bien remise, ce qui est tout à fait normal et adéquat. À la fin de notre entretient il me dit en riant et sur un ton condescendant: la limite, je respecte la limite. Cela a eu pour effet de faire remonter le stress en lien avec le harcèlement psychologique que j'ai vécu et la peur que ça recommence. En fait, ce commentaire en marquait le recommencement. Depuis, je vis de l'anxiété lorsque je sais que je vais le revoir au travail. Je ne sais pas encore ce que je vais faire de tout cela.

Les femmes sont encore les grandes victimes du harcèlement en milieu de travail, principalement le harcèlement sexuel. Ce que j'ai vécu (et que je vis encore) en est un excellent exemple.

Pour du soutien en lien avec le harcèlement sexuel en milieu de travail:
http://www.gaihst.qc.ca/Profil.htm

Pour du soutien en lien avec le harcèlement psychologique et moral:
www.cnt.gouv.qc.ca/en-cas-de/harcelement-psychologique/index.html

1 commentaire:

  1. I feel pain hearing these stories, which I find hard to take. Which leads me to believe that the pain of living these stories is likely beyond my capacity to understand.

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