dimanche 31 mars 2013

Et ça continue

Entendu dans une soirée:

T'es belle, t'as perdu du poids, non?

Je ne prendrai pas le temps de ré-expliquer, mais je vous invite à lire mes entrées précédentes concernant l'image et le poids des femmes.

samedi 30 mars 2013

Bla, bla, bla

Régulièrement, quand mon partenaire de vie revient de travailler et que je suis à la maison, il entame une discussion sur les événements de sa journée. Souvent avant même d'enlever son manteau, de me demander comment a été ma journée et sans même que je lui ai posé de question sur sa journée. 

Il procède, donc, à un long monologue sur ses interactions avec ses collègues,  ses clientEs, son analyse de la gestion du magasin où il travaille, ses réflexions de la journée sur différents sujets.  Ces monologues peuvent parfois durer plus de trente minutes pendant lesquelles il parle de lui, sans soucis de savoir si j'ai la disponibilité ou l'intérêt de l'écouter. Il présume que je suis disponible et intéressée et que ce qu'il a a me dire a préséance sur ce que je fais ou ce que moi je pourrais avoir à lui dire.

Cette habitude reflète bien l'inégalité femme-homme de l'occupation de l'espace temps. Effectivement, on peut reproduire cette situation à des réunions de travail, débats d'assemblée générale et des soirées entre amiEs. En groupe mixte, les hommes parlent plus, plus longtemps et leur opinion est plus prise au sérieux. 

Combien de femmes ont vécu une réunion de travail où elles proposent une idée qui reçoit un intérêt modéré, mais que lorsqu'un collègue masculin l'appuie ou la répète, elle devient l'idée du siècle? De plus, on évalue le temps de parole femme-homme de façon très inégale aussi. Si une femme prend 40% du temps de parole et un homme 60%, la perception extérieure est que la femme a pris 60% du temps et l'homme 40%. 

Cela démontre donc une inégalité dans l'espace temps, mais aussi que l'on accorde une importance moindre aux activités des femmes. Leur temps et ce qu'elles en font est moins précieux, puisqu'elles doivent se rendre disponible pour écouter les autres. Leur parole est aussi moins importante puisqu'on y accorde moins de temps et de crédit.

vendredi 29 mars 2013

High Five

Hier soir nous étions dans une bonne énergie, nous avons décidé d'aller nous acheter une bouteille de vin pour accompagner notre soirée de jeux et musique. Nous étions près des caisses à la SAQ à regarder les spéciaux lorsque j'ai été témoin de la conversation suivante:

Après le départ d'une cliente, un employé s'approche de son collègue qui était à la caisse.

- Et puis, et puis?

- Elle est vierge elle a dit.

- Ha men, tu l'as l'affaire!

Ils ont ensuite poursuivi avec des high five, contents de connaître le statut de virginité de la cliente.

C'est donc à dire qu'avant même qu'elle ait atteint la caisse, les employés avaient eu une discussion sur sa sexualité. Qu'ensuite, le caissier est entré dans une conversation avec elle dans l'intention d'obtenir de l'information sur sa sexualité. Que finalement, cette information est joyeusement devenue publique.

Tel que mentionné dans d'autres entrées, ce que je trouve problématique est le fait que les femmes ne sont pas vues autrement qu'objets de désir. 

Un nouvel élément ici est l'importance accordée au niveau d'expérience sexuelle des femmes. 

Dans l'exemple ci-dessus, c'est la virginité qui est valorisée. Elle l'est souvent pour s'assurer de la ''pureté'' de la femme, mais aussi parce qu'elle donne un sentiment de pouvoir à l'homme qui est le premier à avoir une relation sexuelle avec la femme.  La sexualité  des femme est encore vue comme quelque chose que les hommes réussissent à ''obtenir'' des femmes. Ainsi, avoir une relation sexuelle avec une femme vierge donne un sentiment de compétence à l'homme.

Dans d'autres exemples, c'est l'expérience qui est valorisée, souvent parce qu'on pense pourvoir ''obtenir'' des activités sexuelles vues comme taboues avec une femme ayant de l'expérience sexuelle.

D'un côté comme de l'autre, la femme est considérée comme objet sexuel, valorisée en fonction de ce qu'elle apporte à l'homme selon son expérience sexuelle. 

Cette dynamique sociale est déshumanisante, est à sens unique et le privilège est situé seulement du côté masculin.

jeudi 28 mars 2013

Incrédulité (bis)

Il est normal que vous sentiez une impression de déjà-vu en lisant cette entrée. Encore une fois, c'est un peu l'idée.
 
Dans deux de mes entrées de blog passées, je spécifie que toutes les expériences qui seront rapportées sont vécues entre la date du début du blog et la date de fin, un an plus tard.
Lors d'une conversation téléphonique avec ma soeur, elle m'a demandé si je puisais dans mes expériences  passées pour trouver mes idées, que c'est pas possible que je vive autant d'expériences de sexisme au quotidien.
Son délai à comprendre et intérioriser le fait que je pourrais probablement rapporter une expérience de sexisme (vécu ou témoin par moi ou unE de mes proches) tous les jours pendant un an démontre bien l'invisibilité du sexisme quotidien, oserais-je dire banal(isé), de la discrimination encore constante envers les femmes.
Cette invisibilité prend souvent la forme de commentaires invalidants lors du report d'expériences de sexisme vécu: t'exagères, c'est pas si pire que ça, tu capotes pour rien. Etc. L'invisibilité de la discrimination est un obstacle majeur à la lutte contre le sexisme. Comment agir sur quelque chose si on le ne voit pas, on le ne reconnaît pas?

mercredi 27 mars 2013

La question qui tue

Récemment j'ai demandé une rétroaction sur mon blog à des gens de mon entourage. Dans le lot des commentaires, on m'a demandé:

Vas-tu aussi mettre des événements sexistes par des femmes?

La question qui tue. Pourquoi? Je m'explique. 

Lorsque je parle d'événements dont les femmes sont victimes et principalement commis par des hommes; différents types de violences, harcèlement, sexisme, il y a inévitablement quelqu'un qui trouve très important de mentionner le 2% de femmes qui sont problématiques dans ces domaines. Ce à quoi je ne m'oppose pas nécessairement.

Par contre, lorsque je demande, par exemple, dans mon milieu de travail de féminiser les textes, les femmes sont après tout majoritaires dans mon domaine, on me dit que c'est de l'enculage de mouche. Même son de cloche lorsque je dénonce le manque de représentation des femmes dans différents domaines, dans les médias ou en politique. 

Ainsi, il est très important de coller à la réalité lorsqu'il s'agit d'avoir une représentation négative des femmes, même minime, mais insipide et inimportant de représenter positivement, ou même de façon neutre, plus de la moitié de la population.

En voici un bel exemple:

mardi 26 mars 2013

Bis

Je sais que ça commence à être redondant, mais c'est un peu le but de l'exercice.

Entendu de ma prof de danse:

On fait des abdos! Parce que l'été arrive pis qu'on veut être belle en bikini.

Beauté = Ventre plat (minceur)

lundi 25 mars 2013

Je suis le Père Noël

J'ai porté attention ces derniers temps à l'espace physique que j'occupais versus l'espace physique qu'occupaient les hommes autour de moi.

Vu la quantité d'hommes qui étaient pratiquement assis sur moi dans les transports en commun, j'en suis venue à la conclusion que j'étais possiblement le Père Noël. Je ne vois pas d'autre explication, à moins,  bien sûr, d'accepter que nous vivons dans une société encore sexiste. 

À mes côtés, ils ont les jambes bien écartés, les coudes aussi, alors je suis les jambes serrés, les coudes à l'intérieur, une fesse qui dépasse sur le bord du banc. L'espace leur appartient. Et lorsque j'ose essayer de prendre un peu plus d'espace, je reçois systématiquement un regard de frustration, comme si j'étais bien impolie de vouloir occuper toute la grosse moitié de l'espace du banc double.

Les femmes sont non seulement moins représentées, mais occupent aussi physiquement moins d'espace dans la société. Elles sont moins présentes dans les rues, y prennent moins de place. De plus, plusieurs espaces publics sont encore tacitement et officieusement principalement pour les hommes ou women unfriendly: gym, stades sportifs, tavernes, parcs mal éclairés. 

Je ne vois pas encore le jour ou on pourra justifier des dépenses de milliards de dollars pour construire des structures conçues principalement pour les femmes.


Pour le 24 Mars

Ma collègue que je n'avais pas vue depuis longtemps s'est exclamée en me voyant:

T'es ben belle, t'as encore perdu du poids, toi.

Féminismes Quotidiens : Nouveau papa (Partie 1)

Féminismes Quotidiens : C'est joli ce que tu portes

Encore ce lien entre beauté et minceur. Surtout pour les femmes, il va sans dire. On ne s'en sort pas.

samedi 23 mars 2013

(encore) Les tâches ménagères

À la soirée d'anniversaire pour mon beau-frère, nous avons commandé de la nourriture indienne, dispersé les plats sur le comptoir et invité les gens à se servir.

Seules les femmes ont pris les plats pour les ouvrir et les installer sur le comptoir. Elles seules se sont portées volontaire pour aller chercher les choses manquantes à la cuisine. Elles seules ont pris l'initiative de débarrasser la table, rincer la vaisselle et la mettre au lave-vaisselle. Je présume aussi que parmi les personne n'ayant pas pris d'initiative (moi et les hommes), je suis la seule qui s'est sentie coupable.

Cette soirée n'est pas une exception. 

Même dans ma famille qui compte plusieurs membres ayant des sensibilités féministes (mes parents, mon frère aîné, mon partenaire et moi), lors des soupers de famille on doit systématiquement demander à mes frères (2) pour qu'ils accomplissent une tâche. Ils ne l'offrent pas d'eux même. 

Lorsque je questionne les femmes autour de moi, elles me dépeignent un portrait similaire. Le partage des tâches, mais aussi l'organisation et l'initiative en lien avec les tâches sont encore à travailler. Encore...



vendredi 22 mars 2013

Organisation

Mon partenaire de vie et moi avons récemment été invitéEs à un évènement. Je lui ai demandé s'il était intéressé/disponible à venir. Ce à quoi il a répondu:

Est-ce que j'ai quelque chose ce jour là?

Ce à quoi j'ai répondu:

Je le sais pas, va voir sur le calendrier. 

Ce à quoi il a répondu:

Non mais je me disais que peut-être on avait quelque chose d'organisé ensemble et je le savais pas.

Ce à quoi je réponds maintenant: c'est exactement le problème. Je suis responsable dans ma relation de la plupart des organisations: sociales, familiales, vacances, voyages, tâches, sorties, etc. À l'instar de la plupart des femmes en couple avec des hommes.

Les femmes ont encore le double des tâches, dont celle de chapeauter les tâches, ce qui laisse moult temps libre aux partenaires qui n'ont pas à se soucier des détails, car ce sera fait pour eux.

À ce sujet je recommande fortement cette lecture:

Les Éditions Sisyphe



jeudi 21 mars 2013

Vous êtes bons

Vous êtes bons.

C'est ce que ma professeure de danse nous a dit à plusieurs reprises hier, sa classe de 25 femmes. Elle n'est pas la seule. mon autre professeure a aussi l'habitude de nous parler au masculin, alors que la classe est uniquement féminine. 

J'ai déjà de la difficulté avec le principe du masculin incluant le féminin . Entre autres parce qu'il est faux d'affirmer que lorsqu'on dit homme des cavernes, par exemple, les gens s'imaginent des hommes et des femmes des cavernes. On s'imagine un homme des cavernes. Et c'est vrai pour toutes les fois où l'on utilise le masculin de façon générique. Tel que mentionné dans des entrées précédentes, utiliser le masculin de façon générique positionne les autres genres entant qu'exception.

Mais encore plus, de s'adresser au masculin à une assistance 100% féminine est symptomatique d'une société qui invisibilise les femmes de façon très problématique.  

mercredi 20 mars 2013

C'est joli ce que tu portes

Aujourd'hui j'ai reçu trois commentaires sur mon apparence. J'ai jonglé un peu avec l'idée de nommer dans mon entrée le contenu des commentaires, puis j'ai décidé contre. Parce ce que le contenu n'est pas pertinent pour mon point.

Aujourd'hui j'ai reçu trois commentaires sur mon apparence. Hier, au moins deux-trois aussi. Et les jours d'avant, et les semaines d'avant, et les années d'avant. Et je ne suis pas unique.

Plus on mentionne quelque chose fréquemment et longuement, plus on y accorde de l'importance. Ou à tout le moins il est logique que les gens en arrivent à cette conclusion.

Comme femmes, nous recevons constamment des commentaires sur notre apparence: c'est joli ce que tu portes, c'est beau tes cheveux, ah j'aimais mieux ta couleur d'avant, t'as perdu du poids, mais où as-tu pris tes souliers, etc etc etc. Sans compter les publicités que nous sont dédiées dans les magazines, la télévision, le bus, le métro, l'autoroute, les vitrines de magasin, quasiment toutes en lien avec l'apparence. Il est donc normal que nous en déduisions que notre apparence est la chose la plus importante qui nous concerne. En effet, les commentaires que j'ai reçu dans ma vie en lien avec, disons, mon intelligence, ma compétence ou mon sens de l'humour ne sont proportionnellement en rien comparables à la quantité de commentaires reçus en lien avec mon apparence. 

Encore une fois, le problème n'est pas lié au fait que je reçoive des commentaires en lien avec mon apparence. Le problème est dans la fréquence de ces commentaires et leur sur-représentation versus l'ensemble des commentaires que je reçois sur mes caractéristiques personnelles.

Enregistrer l'information que notre apparence est notre caractéristique la plus importante a des effets négatifs énormes sur l'estime personnel, la santé mentale et physique, nos relations romantiques et sociales. J'aimerais voir des petites filles, des adolescentes et des femmes se faire dire aussi souvent tu es forte, tu est ingénieuse, tu es créative, que tu es belle

mardi 19 mars 2013

Charges lourdes

J'adore l'eau Perrier. J'en bois tous les jours. Je les achète à la caisse pour économiser un peu d'argent. 

Un commis situé près de moi alors que je mettais la caisse sur mon chariot:
  • Ça va aller?
  • Moi - Oui, merci.
  • Vous êtes sûre?
  • Oui, oui, merci.
Il a ensuite passé les minutes suivantes à tenter de diriger vocalement mon chariot à distance: hip, attention, oups, à droite, oui, par là.  À la caisse l'emballeur m'a demandé si j'avais besoin d'aide pour porter la caisse à ma voiture.

Le problème ne se situe pas dans l'offre d'aide. Le premier problème se situe dans l'insistance devant le refus (tel que mentionné dans des entrées précédentes).

Le deuxième problème se situe dans le fait qu'on offre de l'aide uniquement aux femmes (à moins que l'homme soit très âgé...). Cette ''offre'' est basée sur la croyance que les femmes sont physiquement moins fortes que les hommes.

Les courbes de normalité de force physique se superposent à 80%. Cela signifie qu'en fait, il a beaucoup plus de femmes et d'hommes de force équivalente que non équivalente. Portant, on décide dans notre société de concentrer nos pensées et actions sur la minorité d'hommes plus forts physiquement que les femmes.

Pourquoi? Afin de justifier le contrôle mielleux qui brime l'autonomie des femmes si prisé par les hommes (et par beaucoup de femmes).

J'ajouterais qu'il est fréquent que devant mon refus d'aide, on me qualifie de 'femme forte'' de façon sarcastique, qu'on affirme que je ''veux faire mes preuves'', qu'on me discrédite en disant à quel point je suis ''cute'' de vouloir être autonome. Ce que je n'ai jamais vu un homme qui veut faire les choses par lui-même subir. Au contraire.

lundi 18 mars 2013

Incrédulité

Dans une de mes premières entrée de blog, je spécifie que toutes les expériences qui seront rapportées sont vécues entre la date du début du blog et la date de fin, un an plus tard. 

Lors d'une soirée en famille, mon père m'a demandé si je puisais dans des expériences du passé pour mon blog. Je l'ai référé à l'entrée en question. Il me dit l'avoir lu, mais il voulait s'assurer d'avoir bien compris car il trouvait étonnant que je crois avoir assez de matériel pour un an complet. Il était triste de comprendre que j'aurais possiblement du matériel pour un an.

Son délai à comprendre et intérioriser le fait que je pourrais probablement rapporter une expérience de sexisme (vécu ou témoin par moi ou unE de mes proches) tous les jours pendant un an démontre bien l'invisibilité du sexisme quotidien, de la discrimination encore constante envers les femmes. 

Sans compter que mon père est un homme déjà sensibilisé à la réalité de la discrimination envers les femmes. Je n'ose imaginer l'incrédulité d'autres personnes. Cette invisibilité prend souvent la forme de commentaires invalidants lors du report d'expériences de sexisme vécu: t'exagères, c'est pas si pire que ça, tu capotes pour rien. Etc. L'invisibilité de la discrimination est un obstacle majeur à la lutte contre le sexisme. Comment agir sur quelque chose si on le ne voit pas, on le ne reconnaît pas?

dimanche 17 mars 2013

Mon patron (partie 2)

Pour comprendre l'étendue de l'aspect problématique de la prochaine expérience, une historique de mes rapports avec mon patron est nécessaire.

J'ai été engagée il y a environ 6 ans, alors que je terminais mon bac. Rapidement, j'ai commencé à subir des commentaires et questions intrusives à caractère sexuel de la part de mon patron: coudonc, t'es-tu aux femmes?, ouin toi c'est quoi ton genre de trip? (en faisant référence à ma vie sexuelle), alors que je sortais faire les courses il me dit en mimant une fellation, tu vas acheter des concombres?, en parlant de ses intrusions verbales et physiques lors d'un 5 @ 7, relaxe, chus pas ton boss à soir là. Ce ne sont là que quelques exemples.

J'ai subi ce harcèlement en silence pendant plusieurs mois avant de le confronter. Je faisais de l'anxiété à l'idée de rentrer au travail, des migraines, je pleurais beaucoup. Tout cela m'affectait énormément.  Je craignais de perdre mon emploi, le respect de mes collègues si je prenais des mesures. 

J'ai finalement réussi à  réunir le courage nécessaire afin de lui parler. Je lui ai calmement expliqué qu'il dépassait les limites non seulement de son rôle, mais de la décence de base, qu'il est en position de pouvoir et que cela rend la situation encore plus difficile pour moi, que j'exige qu'il cesse ces comportements de harcèlement sexuel. Il a acquiescé, non sans me demander ce que j'avais pu faire pour provoquer ces comportements. (Ça c'est un débat pour une autre fois.)

Rapidement après cela, le harcèlement sexuel s'est mué en harcèlement psychologique. Il dit à l'attention d'un collègue avec qui je parlais: attention, avec elle on peut pas dire n'importe quoi, témoin d'une embrassade entre moi et une collègue qui quittait le pays: pourquoi moi j'ai pas le droit de te toucher?, en faisant référence à mes limites en lien avec le harcèlement sexuel: t'es une sainte nitouche. Il faisait aussi souvent référence aux limites que j'avais mises en riant. Et j'en passe.

Je suis éventuellement partie en sans solde pour un voyage de plusieurs mois. Depuis mon retour il y a environ un an, les commentaires n'avaient pas recommencé. J'avais de l'espoir d'enfin  vivre dans un environnement de travail sain pour moi (à défaut de l'être pour d'autres). Mais non.

J'ai récemment été en arrêt de travail pour épuisement. À mon retour, mon patron a pris un moment avec moi pour vérifier la source de mon épuisement et voir si je m'étais bien remise, ce qui est tout à fait normal et adéquat. À la fin de notre entretient il me dit en riant et sur un ton condescendant: la limite, je respecte la limite. Cela a eu pour effet de faire remonter le stress en lien avec le harcèlement psychologique que j'ai vécu et la peur que ça recommence. En fait, ce commentaire en marquait le recommencement. Depuis, je vis de l'anxiété lorsque je sais que je vais le revoir au travail. Je ne sais pas encore ce que je vais faire de tout cela.

Les femmes sont encore les grandes victimes du harcèlement en milieu de travail, principalement le harcèlement sexuel. Ce que j'ai vécu (et que je vis encore) en est un excellent exemple.

Pour du soutien en lien avec le harcèlement sexuel en milieu de travail:
http://www.gaihst.qc.ca/Profil.htm

Pour du soutien en lien avec le harcèlement psychologique et moral:
www.cnt.gouv.qc.ca/en-cas-de/harcelement-psychologique/index.html

samedi 16 mars 2013

Mon patron (partie 1)

Hé, p'tit soldat, dit mon patron en riant devant mon veston au style vaguement militaire.

Mon patron me fait régulièrement des commentaires sur mes vêtements. Ti cass, quand je porte une casquette, ho, le foulard, beau foulard madame (sur un ton sarcastique) quand je porte un pashmina.

Je trouve ces commentaires infantilisants car ils contiennent systématiquement le terme ti, et/ou un ton condescendant. Dans le premier exemple, il aurait pu me dire de façon mature: j'aime (je n'aime pas) le style militaire de ton veston, plutôt que de m'affubler du ti-soldat. Les femmes sont encore très infantilisée à  plusieurs niveau dans  notre société. Ceci en est un bel exemple.

De plus, mon patron limite ses éditoriaux vestimentaires à  ses employées de sexe féminin. Encore une fois, l'apparence est un enjeu important dans son rapport aux femmes, même celles avec qui son rapport devrait se limiter aux compétences professionnelles. En cela, il est un bon représentant de la gente masculine et donc, malheureusement, de bien des patrons.

vendredi 15 mars 2013

T'es chanceuse

Une amie s'est fracturé la cheville il y a quelques semaines et marche actuellement avec des béquilles.

L'autre jour je l'aidais à faire son épicerie. à la caisse, je lui ai demandé si elle serait en mesure de monter les escaliers pour se rendre chez elle avec les sacs de commission. Elle m'a répondu que probablement, mais que sinon, elle demanderait à son conjoint de descendre l'aider.

Ha, il est à la maison? demandai-je

Oui. répondit-elle, il fait le ménage.

Ton chum fait le ménage, s'étonna la caissière. T'es chanceuse.

Je sais que nous ne sommes pas encore rendues au point où la majorité des conjoints font leur juste part dans les tâches domestiques. Mais je croyais sincèrement qu'on avait passé le cap de donner des médailles aux hommes qui font des tâches dans la maison, et de considérer leurs conjointes chanceuses.

Qui plus est, mon amie est actuellement en béquilles. Cela me démontre à quel point il reste encore du chemin à faire en ce qui concerne le partage des tâches.

jeudi 14 mars 2013

So I put my man there?

Mon partenaire est un fanatique des jeux de société et chaque occasion est bonne pour s'adonner à son activité favorite. Ainsi, il invite régulièrement son père à la maison pour jouer des jeux avec nous. Mon beau-père (que j'aime beaucoup, soit dit en passant) a tendance à appeler ses pions man, qu'ils aient forme humaine ou pas. 

Nous avons récemment fait l'acquisition d'un jeu sur le thème du thé (mon dada à moi) et avions hâte de l'essayer. Nous l'avons étrenné avec mon beau-père. Nous avions pour nous représenter sur le plateau chacunE un pion d'une couleur différente d'une forme humaine faisant la cueillette du thé.  J'ai utilisé l'occasion pour éduquer mes partenaires de jeu que ce sont uniquement les femmes qui font la cueillette du thé, que ce soit en Inde, en Afrique ou en Asie de l'est et donc, que leurs pions étaient en fait des woman. Il a, sans le réaliser, continué d'appeler son pion man.

D'aucuns me diront qu'il est normal qu'en tant qu'homme, il utilise le masculin lorsqu'il parle de son pion. J'en conviens. Pourtant, dans plusieurs jeux les pions et le thème du jeu ne représentent pas des humains, mais les pions restent des hommes.

Cela démontre encore une fois (voir entrée Nouveau papa partie 2) comment le neutre est en fait vu comme masculin, et donc à quel point le féminin est invisible dans nos sociétés et nos esprits. 

Cela est problématique. C'est ce qui fait que les filles ont tant de difficulté à s'imaginer et concevoir des métiers non traditionnels, que l'on accorde moins de crédit aux femmes dans les métiers non traditionnels, que nous ne voyons pas l'absence des femmes dans tellement de sphères de notre société. Pour nous, le masculin est neutre. Cela est un obstacle majeur à la réussite, au respect et à l'émancipation sociale des femmes.

mercredi 13 mars 2013

Une heure

À l'intérieur d'une heure de marche à l'extérieur j'ai été abordé des trois façons suivantes par 5 hommes différents:
  • Hey baby
  • Salut mademoiselle (avec regard me déshabillant sans gêne de la tête aux pieds) Alors que je regardais fermement droit devant et avait mes écouteurs sur les oreilles.
  • Petits becs et langues sorties de la part de garçons en voiture
J'en reviens à l'effet d'accumulation. Je me fais souvent dire que ça peut pas être si pire que ça. Oui, c'est si pire que ça. Lorsque je mentionne la fréquence énorme de ces comportement harcelant, je suis sérieuse. L'écoeurantite et la méfiance ne nous tombent pas du ciel, elles sont développées avec le temps. 

De plus, j'ai la chance de ne plus faire partie du groupe de la population le plus harcelée, i.e. les femmes âgées entre 15 et 25 ans. Plus jeune, ces expériences arrivent plus souvent, sont plus hostiles et on est moins bien équipée pour y faire face. Malheureusement.

mardi 12 mars 2013

Nouveau papa (Partie 2)

Vous devez avoir lu l'entrée précédente pour mieux comprendre celle-ci.

Au début de l'interaction, je n'avais pas compris le commentaire de mon collègue. Je n'avais pas anticipé une blague, ainsi, je tentais d'interpréter son commentaire autrement. Pendant quelques secondes, j'ai pensé qu'il faisait référence à moi puisque j'avais effectivement pris du poids dans les derniers mois.

Comme je trouvais le quiproquos amusant, je suis allée lui en faire part plus tard. Il m'a expliqué à ce moment son fil de pensée suite à mes félicitations: je dois faire une blague, j'ai déjà fait celle de ''The boys can swim'', je dois donc en trouver une autre. Résultat: mon entrée de blog précédent.

Je m'attarderai à la mention de The boys can swim. Cette dernière petite phrase à été clamée avec beaucoup de fierté par mon collègue lors des deux grossesses de sa conjointe (après l'acclamation de He shoots he scores!, mais c'est une autre histoire). The boys fait référence à ses spermatozoïdes et can swim fait référence à la capacité des dits spermatozoïdes de féconder l'ovule.

Décortiquons. Les spermatozoïdes sont neutres de genre et deviennent The boys. Cela représente bien comment, dans notre société, le masculin est vu comme l'option par défaut et que tout autre option est exceptionnelle. Par exemple, aux État-Unis, la NBA (National Basketball Association), appellation neutre, représente les équipes masculines de basketball. Les équipes féminines doivent avoir une appellation spécifique: WNBA (Women's National Basketball Association). J'y reviendrai dans une entrée future.

Ensuite, can swim. La fécondation devient l'accomplissement des spermatozoïdes (donc de l'homme). L'ovule (la femme) est vu comme une élément passif du processus de reproduction. Le rôle de la femme se limite à celui de matrice qui porte, ou reçoit, l'accomplissement masculin.

lundi 11 mars 2013

Nouveau papa (Partie 1)

Un de mes collègues de travail a une tendance à tout tourner à la blague et possède un sens de l'humour assez décapant. Il aime créer des malaises et tester les limites des gens à travers ses blagues.

Ainsi, quand je l'ai félicité de son rôle de nouveau papa d'une deuxième petite fille, il a évidement tenté de trouver une rhétorique humoristique. Le résultat fut le suivant:

Merci. Ben, oui, finalement, elle (en parlant de sa conjointe) prenait pas du poids juste pour me faire chier, elle était vraiment enceinte.

Commentaire assez inoffensif, me direz-vous. Effectivement, réponderai-je.

Inoffensif en lui-même, mais pris dans le contexte de notre société, très représentatif des pressions exercées sur les femmes en lien avec leur apparence et alimentant subtilement mais sûrement ces pressions.  J'y vois deux éléments principaux. 

D'abord, la prise de poids est perçue comme négative. De plus en plus de gens le disent, différents groupe de lutte y travaillent, la pression sur les femmes pour la maigreur est exponentielle et problématique dans nos sociétés occidentales. Ce genre de commentaires y participe activement. Des liens pour plus d'information à ce sujet:



Deuxièmement, l’apparence des femmes est régulée en fonction de leur rapport aux hommes. Effectivement, l'apparence des femmes est jugée et modulée en lien avec les hommes de leur entourage. Mon chum préfère les cheveux longs, mon chum aime les vêtements flyés, mon chum n'aime pas que je reste en pyjama dans la maison, mon père me tuerait si je portais ça; sont des phrases que j'entends régulièrement. En plus des publicités de tous acabits qui vendent leur produit sur le principe de: ça plaira à votre homme.

Ce n'était qu'une blague. Au risque de me répéter, la répétition crée en bonne partie le problème. Ce type de commentaires en lien avec le poids sont constants: t'es ben belle, t'as perdu du poids? T'as vu une telle, elle a pris tellement de poids dans la dernière année! Ben moi ma blonde je tripperais pas qu'elle perde pas rapidement son poids de grossesse. Ah, la fille était tellement belle; grande, mince, des beaux yeux. Sans compter une représentation anormalement excessive de corps maigres dans les médias et la (fausse) association minceur=santé=beauté sur-utilisée par différentes compagnies et services  de soins de ''santé''. 

Tel que mentionné dans ma dernière entrée, les blagues ne nous tombent pas du ciel, elle sont issue de notre environnement, de nos pensées, et y participent aussi.

dimanche 10 mars 2013

La sexualité comme insulte (trigger warning)

J'attendais l'autobus à la sortie de mon cours de danse, (http://feminismesquotidiens.blogspot.ca/2013/03/princesses.html) lorsque j'ai entendu des hommes crier, qui semblaient s'invectiver.

J'ai tendu le cou et les oreilles, à l'affût, au cas où un problème surviendrait, que quelqu'unE doive intervenir ou appeler la police, sait-on jamais. J'essaie d'être une bonne citoyenne :).

Un groupe de trois homme sortit d'une ruelle. L'un d'entre eux marchait d'un pas très militaire, gesticulait fortement et criait. Les deux autres se sont rapidement éloignés. L'homme, maintenant seul, continuait de marcher en long et en large, en criant, parfois seul, parfois après les passantEs. Il a croisé une femme promenant son chien et voulut interagir avec elle et le chien. La femme semblait apeurée et a plutôt continué son chemin. L'homme, insulté, se mit à l'invectiver:

À va se faire fourrer ta chienne! Par moé estie!

Et l'homme poursuivit son chemin en maintenant ses cris.

D'aucuns souligneront que l'homme était dans un état mental altéré, soit par la consommation, soit par la maladie, peut-être les deux. J'en conviens. Il reste que même délirant, il est influencé par sa société et il n'a pas choisi son insulte au hasard.

Il a spécifiquement choisit une insulte qui utilisait la sexualité afin de prendre du pouvoir sur la situation (possiblement sur la femme). L'enjeu se situe au niveau du rôle attribué à la pénétration dans la sexualité. Ici, la personne qui ''se fait fourrer'' ou ''reçoit la pénétration'', est dépeinte comme inférieure PARCE qu'elle ''reçoit'' la pénétration. 

On remarque aussi le rôle passif de la personne pénétrée. Effectivement, elle se ''fait fourrer'' elle ne ''fourre'' pas. Elle reçoit passivement la pénétration. De plus, dans notre société, si on pense à une personne pénétrée sexuellement, on visualise une femme (ou à un homme par un autre homme). 

Ainsi, cela démontre encore la vision collective d'infériorité que nous avons des femmes dans leur rôle sexué. La pénétration pénienne est encore vue comme une forme de prise de pouvoir du pénétrant sur la pénétrée.

Richard Desjardins dansle film Le party: M'a fourrer ta femme pis a va aimer ça.

Encore une fois le rôle passif de la pénétrée, ainsi que l'utilisation de la pénétration de la femme de l'autre (sa possession), afin de prendre du pouvoir sur l'autre homme.

Puis, l'homme sur la rue a été très clair à propos qui allait prendre le pouvoir par la pénétration. Il était très fier de clamer que la chienne se ''ferait fourrer'' par lui.

Je vous réfère cet article pour de plus amples explications:

samedi 9 mars 2013

...


Un résident à mon travail, parlant de la conjointe de son père:

Lui pis sa putain!

Devant les visages ahuris des autres résidentes et de mes collègues:

Non, mais c'est vrai, je lui ai dis: on te l'a présentée pour te vider, pas pour te marier!

...

vendredi 8 mars 2013

8 mars: Journée de la récupération par le patriarcat de la Journée Internationale des Droits des Femmes

Ahhhh, le 8 mars. J'évite toujours scrupuleusement les médias (et à partir de l'année prochaine les médias sociaux) le 8 mars. Pourquoi? Parce que le 8 mars est, ironiquement (mais pas surprenament), une journée riche en commentaires et critiques sexistes.

Lu aujourd'hui sur mon Facebook:

Pourquoi il n'y a pas une journée pour les hommes? Il devrait, vu qu'ils nous endurent avec nos hormones et tout.

Jackpot baby!

1- Parce que les homme ne constituent pas un groupe opprimé sur la base de son genre (Féminisme 101)

2- Comment réussit-on, à chaque année, à faire de la seule journée dédiée aux femmes une discussion au sujet des hommes?

3- Même si les hommes étaient opprimés, ils le seraient par la nature difficile à vivre des femmes?Wow, je ne commente même pas.

4- Je présume ici que le commentaire fait référence à comment les hommes endurent les femmes au quotidien, dans l'intimité du couple. On ajoute donc l'hétérosexisme à la liste (homosexualité et société 101). Si ne n'est pas le cas, ce dont je doute, je retire cette critique.

Bon 8 mars à toutes.

jeudi 7 mars 2013

Princes(ses)

Il était une fois, dans une contrée lointaine, une jeune femme assistant à un cours de danse. 

Contrairement à d'habitude, le local dans lequel elle suivait le cours n'était pas vide d'objets. Effectivement, plusieurs boîtes contenant des accessoires de spectacle s'y trouvaient. L'instructrice se mit donc à la recherche d'articles intéressants pour donner son cours. Elle trouva de nombreux paquets de couronnes en styromousse rose.

Une couronne de princesse! s'exclama-t-elle.

Comme elle était une femme, ainsi toutes ses étudiantes, cette exclamation faisait bien du sens pour notre protagoniste. En continuant sa recherche, l’instructrice découvrit des couronnes oranges et vertes.

Il y en a aussi pour les garçons! s'exclama-t-elle.

Cette dernière exclamation faisait moins de sens pour notre protagoniste.

Il est vrai qu'elle voyait peu de garçons porter ou jouer avec des objets de couleur rose, mais elle voyait plusieurs fillettes aux accessoires et vêtements bleus, verts, oranges. Comment se faisait-il que toutes les couleurs soient universalisables, à l'exception du rose? Pourquoi cette couleur, associée au féminin, n'est-elle pas bonne pour tout le monde, au même titre que le bleu, la couleur associée au masculin?

Parce que les éléments associés au féminins (rose, histoires d'amour, magasinage...) sont encore vus comme moindres.


Je suggère la lecture suivante en lien avec (entre autre) le sujet de pourquoi le féminin chez les hommes dérange tant:




mercredi 6 mars 2013

C'est quoi ton signe?

Je suis puissante et fière de la tâche accomplie. Avancer dans cette nature paisible au cœur de la ville est un privilège inouï. Autant que d'admirer l'iridescence du soleil sur la neige. Mon pays ce n'est pas un pays...

Belle journée pour prendre une marche hein?

Qui ose me déranger dans mon antre de paix? Un homme dans la quarantaine avancée, visiblement habillé à la boutique Courir. Si je ne réponds pas, peut-être va-t-il s'en aller? Petit sourire, augmente le pas, regard en avant.

Je t'ai pas déjà vue avant?

Les gens utilisent réellement cette approche?! Pas possible! Que doit-on faire dans ces situations? Faire la morte? Grimper un arbre? Courir uphill ou downhill? Je ne me souviens plus. Ne prenons pas de chance: face de ''je ne sais pas'', augmente le pas, regard en avant.

Tu fais pas du vélo souvent ici l'été?

Comment il a fait pour savoir?! Je ne veux pas jaser, je ne veux pas aller prendre un café, je veux la sainte paix. Je vais donc mentir, puis continuer de l'ignorer. Petit signe que non, augmente le pas, regard en avant.

Viens-tu souvent ici?

Merde, ça s'en vient, je le sens que ça s'en vient, si je ne trouve pas rapidement un moyen de m'en dégager. Petit signe que non, augmente le pas un peu plus, regard en avant.

Tu es très jolie, en tout cas.

Merde, merde, merde, je dois me dépêtrer rapidement.  Petit sourire, augmente le pas beaucoup plus, regard en avant.

Moi c'est Robert (nom fictif), dit-il en tendant la main. 

Qu'est-ce que je fais, qu'est-ce que je fais? Je suis pas claire que je veux pas engager la conversation? Si je réponds et tends la main, j'ai l'air d'ouvrir la porte; si je ne réponds pas, je risque gros (voir entrée de blog précédente). Je tends la main.

Audray. Regard en avant.

Es-tu célibataire?

BINGO! 

Non!

Ah bon, je te laisse passer, alors.

Ben trop généreux! Attends, quoi? Tout ce temps là il savait que j'essayais de le semer?! 


Prenez
  • Le fait qu'il acorde plus d'importance à son désir d'entrer en lien avec  moi qu'au fait qu'il me dérange peut-être (s'il a même pensé à cette éventualité).
  • L'absence de respect de mon désir de ne pas entrer en lien avec lui.
  • Le fait que son souhait d'entrer en lien avec moi était basé sur un désir d'une plus grande intimité éventuelle (tu es jolie, es-tu célibataire, fin de la conversation lorsqu'il apprend que je suis en couple.).
 Multipliez le tout par plusieurs fois par année pendant toute une vie. 

Obtenez du sexisme.

Que cet homme me voit comme un objet de désir et l'exprime n'est pas problématique en soi (quoique son non respect de mes limites, lui, est problématique en soi). Le problème se situe encore une fois dans la répétition. Il est problématique que les inconnus ne réussissent presque jamais à voir les femmes seules autrement que comme objet de désir, comme des être complets et tridimensionnels. 

De plus, si un malheur (vol, agression sexuelle, menace, harcèlement...) m'arrivait suite à une interaction de ce genre dans laquelle j'aurais participé volontairement et activement, on me reprocherait de ne pas m'être protégée. Cette conclusion est aussi basée sur des expériences passées. Ainsi, je dois donner un minimum de réponse, que j'en ai envie ou non, pour ne pas courir le risque d'une rétribution négative (voir entrée précédente), tout en m'assurant de ne pas trop m'engager afin de ne pas être responsabilisée d'un malheur éventuel. Catch 22.

mardi 5 mars 2013

Statut marital et autres informations publiques

Mise en scène

Dans le métro, 1h30 du matin. Une femme (moi) assise se rend à la maison. Un homme, debout, se rend (fort probablement) quelque part. L'homme accroche un peu la femme en s'asseyant à ses côtés.

Texte

Homme - Désolé, je pense que je suis un peu saoul.

Femme (en souriant) - Oui, tu as l'air, en effet.

Homme - Êtes-vous maman?

Femme - Pardon?

Homme - Êtes-vous maman?

Femme (surprise et prise de court) - Non

Homme - Vous avez-quel âge?

Femme (dans une première tentative de ne pas répondre à la question) - Pourquoi?

Homme - Vous avez quel âge?

Femme (en souriant, et dans une deuxième tentative de ne pas répondre à la question) - C'est pas important, tu t'en souviendras pas demain matin.

Homme - (en prenant la femme par le cou et la tenant près de lui malgré ses efforts de se dégager) - Ça se peut, mais dites-moi, vous avez quel âge?

Femme - (ayant peur que l'homme tente de l'embrasser, de se faire traiter d'impolie et de paranoïaque, répond) - 31

Ayant obtenu une réponse, l'homme relâche la femme.

Homme - Personne ne vous a épousée alors?

Femme - Je n'y tiens pas. C'est mon arrêt.

Analyse

Ouf! Par où commencer?!

Je souligne dans cette interaction d'abord le sentiment d'entitlement de cet homme face à mes informations personnelles. Ensuite, l’insistance devant mon refus, somme toute assez clair, et l'utilisation du contact physique afin d'obtenir ce qu'il voulait. Puis, l'importance accordée au rôle de mère, le lien entre ce rôle et l'âge ET le lien entre ce rôle et le mariage. Finalement, le rôle passif de la femme dans la conception que cet homme a du mariage. Personne ''ne m'a épousée''; si j'étais mariée, ce serait par l'action de quelqu'un d'autre, non pas la mienne.

Il est très fréquent que les femmes se fassent demander des informations personnelles de ce genre par des étrangers et que les étrangers sentent avoir droit à cette information. Que parce qu'ils posent la question, une réponse leur est due.

Effectivement, dans la scène décrite précédemment, si j'avais ouvertement exprimé mon refus de répondre en disant par exemple ''désolée, je n'ai pas envie de parler'', ''ces informations ne te regardent pas'' ou ''je ne veux pas répondre à cette question'', je prenais le risque de m'exposer à différentes formes d'agressivité, d'insultes et de violences. 

Cette conclusion est basée sur des expériences passées. Effectivement, j'ai à de nombreuses reprises vécu et été témoin de réponses négatives d'hommes face à la mise de limite des femmes dans ce genre de contexte. Exemples: salope!, frustrée!, lesbienne!, air bête!, parano!, maudite féministe qui voit des agresseurs partout!, crisse ton camp sinon je te pogne une boule!

Encore une fois la répétition joue un grand rôle dans le sexisme. Ici, le double standard est aussi un enjeu. En effet je n'ai jamais vu d'homme subir le même traitement.

Pour le plaisir, je vous propose de relire la scène, mais cette fois en imaginant deux hommes. Le déroulement semble irréaliste, absurde, même comique.

lundi 4 mars 2013

La fuite de la matière grise

Je cherchais mon chemin avec une amie et nous nous sommes arrêtées pour demander des directions à une agente de sécurité. Alors qu'elle répondait à notre question, un homme s'est intégré dans notre groupe, s'est penché sur la carte que nous tenions à la main, a coupé la parole à tout le monde pour répondre à une question que personne ne lui avait posé.

(À celles et ceux qui ne voient pas le sexisme dans cet événement: A - prenez un cours de féminisme 101 http://www.jesuisfeministe.com/?page_id=1647, B- Effectivement, dans une situation problème-solution, la personne ayant le problème est vulnérable et la personne apportant la solution possède la connaissance, possiblement les moyens et donc le pouvoir, C- dans notre société, il y a une fâcheuse et majeure tendance à positionner les hommes comme ayant les solutions à leurs propres problèmes ET à ceux des femmes. De cette façon les femmes ont la position vulnérable, incapable et voient leur autonomie brimée par l'imposition de solutions et de réponses non sollicitées. La répétition de ces rôles crée l'effet de sexisme.)

Plus tard, référant à l'intrusion de cet homme, ma copine m'a demandé si notre vagin causait une intelligence moindre. Je me suis penchée sur la question et j'en suis venue à une certaine conclusion.

Considérant qu'un de mes ex pensait que les femmes urinaient par le même endroit qu'elles avaient leurs règles, je me suis dis que certains hommes pensent peut-être que notre intelligence aussi sort par notre vagin. Peut-être pensent-ils que nos règles sont en fait la fuite de notre matière grise, que nous perdons notre intelligence un peu plus chaque mois. Cela expliquerait en effet leur tendance à apporter des solutions et des réponses sans avoir même été consultés.  

Je profite donc du moment pour éclaircir ce malentendu: la matière grise ne s'évacue pas par le vagin. Ainsi, soyons une société confiante en les capacités et l'intelligence des femmes et laissons-les se dépêtrer elles-mêmes si elles ne demandent pas d'avis extérieur. 

Ajout 2

Comme il s'agit d'un blog sur le féminisme et le sexisme au quotidien, je ferai référence aux rôles Femme et Homme, puisque le sexisme est basé entre autres sur la perception des rôles associés à ces identités de genre.

Il s'agit ici d'une référence à la socialisation basée sur le genre et sur  la binarité des genres et non pas à la  biologie/physiologie/essence biologique. Je reconnais l'existence d'une variété quasi infinie d'identités de genre.


Ajout

Veuillez noter que tous les événements que je rapporterai ont lieu entre le début du et la fin du blog.

dimanche 3 mars 2013

Introduction

Suite à des événements récents qui ont suscité en moi un besoin de ventiler ainsi qu'à un désir de participer à une activité créative, j'ai décidé de créer un blog. 

Ce blog se veut une plate-forme pour m'exprimer sur mes expériences du sexisme banales(isées), frustrantes, irritantes, lourdes ou carrément traumatisantes. Il s'agit aussi d'un outil servant à démontrer l'effet de l'accumulation du sexisme quotidien. En effet, trop souvent je ressens une banalisation de mes expériences du sexisme par des gens qui ne comprennent pas l'effet de l'accumulation de la discrimination.

Dans cette optique, je me mets au défi de trouver, pendant un an, au  moins une expérience de sexisme par jour; soit vécue (ou commise) par moi ou par une personne de mon entourage ou bien vue dans les médias locaux. Le but étant de garder l'expérience la plus personnalisée possible afin de démontrer le quotidien habituel d'une femme d'ici.

Je m'exprime dans ce blog au ''JE'' afin de ne pas mettre des mots dans la bouche d'autres femmes, mais je suis confiante que la plupart d'entre elles pourront se reconnaître dans les événements décrits et critiqués. 

Au fur et à mesure de mes écrits, je ferai référence à ''mes expériences passées'' afin de justifier une présomption. Je fais ici un court résumé de ces ''expériences passées'' afin d'établir la crédibilité de la référence. Ainsi, elles s'étalent de l'enfance à ce jour et varient de la menace au commentaire sexiste à l'attouchement dans les bars en passant par le harcèlement sexuel au travail et l'entitlement agressif et j'en passe. Pour celles et ceux qui voient dans le grand nombre d'expériences mentionnées une exception, détrompez-vous. Sondez les femmes de votre entourage et vous constaterez que je ne suis ni une exception ni une victime, mais une représentante ordinaire d'un vécu commun à la plupart des femmes.

C'est parti pour 365 jours d'événements sexistes. Vais-je y arriver?