dimanche 29 septembre 2013

Tes bas

Alors que je pédalais pour rentrer à la maison. Deux hommes en voiture, après m'avoir observé de haut en bas et référant aux bas collants que je portais sous mon short:
 
Mademoiselle vous avez de beaux bas, très joli.

Puis ils ont continué leur route sans demander leur reste.
 
Harcèlement sexuel public = sentiment d'insécurité. Répétition du harcèlement sexuel public = contrôle social des femme par la peur.
Objectification sexuelle = déshumanisation. Répétition d'objectification sexuelle = dévalorisation de l'humanité des femmes.

vendredi 27 septembre 2013

Stylée

Je me rendais à l'épicerie il y a quelques jours lorsqu'un homme assis sur un banc public m'a dit:

- Wow, tu as du style Mlle,

J'allais le regarder et sourire afin d'exprimer mon appréciation de son commentaire lorsqu'il a fini sa phrase:

- c'est chaud!

Soudainement, tout le plaisir d'un beau compliment s'est évanoui. Pourquoi? Parce qu'il ne voulait pas réellement me complimenter sur mon sens du style. Il voulait s'en servir afin de me sexualiser à son bénéfice.

Harcèlement sexuel public = sentiment d'insécurité. Répétition du harcèlement sexuel public = contrôle social des femme par la peur.

Objectification sexuelle = déshumanisation. Répétition d'objectification sexuelle = dévalorisation de l'humanité des femmes.

Déménagement (bis)

Tel que mentionné dans une entrée précédente, en vue de mon déménagement, je vends ma sécheuse à un couple de mes collègues. J'avais alors mentionné avoir assuré ma collègue que je pourrais sans problèmes aider son conjoint à déménager la sécheuse. 

Afin de nous coordonner pour le déménagement de ma sécheuse, ma collègue est venue me voir et m'a dit:

- Bon, vu qu'il faut deux hommes pour la déplacer, ça pourrait se faire ce weekend ou lundi.

Pour entendre une ennième fois mon argumentaire à ce sujet, je vous réfère aux entrées suivantes:


mercredi 25 septembre 2013

Femme au volant


Une collègue nous racontait avec humour comment elle s'était malencontreusement coincée entre la bêcheuse et sa terrasse le weekend dernier lorsqu'un collègue lui a coupé la parole avec le commentaire suivant:

C'est pour ça que les femmes font des accidents en voiture.

Hummmm. Donc, parce que ma collègue a appuyé une fois dans le weekend sur la mauvaise manette de la bêcheuse, les femmes font des accidents de voiture. Il me manque le cause à effet, là. Raison: il n'y en a pas. 

Bien sûr, mon collègue ne voulait pas litéralement faire un lien de cause à effet. Il faisait une blague sur le populaire stéréotype des femmes qui ne savent pas conduire. Le problème est que ce n'est pas vraiment une blague. Les hommes y croient vraiment pour beaucoup d'entre eux.

Le fait est que les femmes font moins d'accident de voiture. Pourtant la croyance de notre incompétance au volant persiste. Pourquoi? Je n'en sais rien. Un lien avec le fait que les fait que nous sommes traditionnellement moins présentes dans les domaines de la mécanique? Peut-être.

C'est une bonne façon de nous garder loin en tout cas. Parce que des commentaires comme ça, ça ne fait pas envie.

Sans compter qu'il a utilisé la bonne vieille technique du coupage de parole afin de prendre le crachoir pour faire une blague, en plein milieu d'une blague. Ça sent l'entitelment d'espace à plein nez.

Harcèlement Sexuel - Avertissement de déclencheur

Aujourd'hui est ma 100e entrée. Pas le 100e événement sexiste, mais je tenais tout de même à le souligner avec un sujet qui me tient particulièrement à coeur, les agressions sexuelles.

Une femme que je côtoie est arrivée l'autre jour et avait l'air morose. Je lui ai demandé ce qui se passait. Elle m'a raconté l'histoire suivante:

Il y a 2 jours au travail, un de mes collègue s'est mit à me masser les épaules. Je me sentais pas trop à l'aise, mais je savais pas quoi faire. Il a descendu ses mains sur mes hanches et s'est mit à me donner des becs dans le cou. Là j'ai mis ma limite. Je suis encore sous le choc. Je travailles pas là depuis longtemps, je sais pas trop quoi faire. Je vais en parler au patron cette semaine. 

Déjà qu'il se mette à lui masser le cou sans lui demander son avis, c'est problématique. Encore une fois le corps des femmes comme propriété publique. Ton corps est là, devant moi, j'y ai droit, je me sers. Puis, l'évolution vers un contact très intime et sensuel, encore une fois, sans son consentement.

(Je sais que je répète souvent le mot encore et l'expression encore une fois. Il s'agit là pour moi d'une façon d'illustrer comment le sexisme est aussi une torture de la goutte d'eau. Que la répétition crée en partie la problématique)

Ce que ma connaissance a vécu est du harcèlement sexuel, une des différentes formes d'agression sexuelle. Oui, un geste unique peut constituer du harcèlement. 



Les agressions sexuelles sont un des crimes dont les femmes sont le plus victimes. C'est un crime invisible, tabou, banalisé. Un crime où l'on blâme les victimes et justifie l'agresseur. Un des crimes qui laisse le plus de traces psychologiques. La psychologue Pascale Brillon, spécialiste des troubles post-traumatiques, compare le trauma d'une agression sexuelle à celui des soldats ayant fait la guerre. Ce n'est pas peu dire. 



Tout le monde ensemble. Brisons le silence. 

'Tite (lire tssite)

Mon patron à moi l'autre jour en me saluant alors que je rentrais au travail:

Tu t'en va travailler avec tes 'tits cheveux, ta 'tite mèche.

Et moi de répondre:

Non, je m'en vais juste travailler.

Verrait-on ce genre de commentaire envers un homme? L'image en elle-même est absurde.

J'ai déjà parlé de la tendance sociale à infantiliser et à discréditer les femmes. Un des moyens utilisé à cet effet est le 'tite.

Ta 'tite carte, ton 'tit livre, ta 'tite jupe, ta 'tite robe, tes 'tits cheveux, tes 'tits souliers, etc. Pourquoi nos effets seraient-ils petits? En comparaison à quoi? Cette tendance paternaliste contribue à l'infantilisation et la diminution sociale des femmes.

J'ajouterais que le fait que cela vienne de mon patron rajoute une couche au côté inadéquat du commentaire.

vendredi 20 septembre 2013

Martini vs Bière tablette

Hier j'étais au dépaneur avec mon partenaire, question de se procurer une bière pour bien finir notre soirée sur la terrasse. Nous étions devant les réfrigérateurs et cherchions une marque de produit spécifique lorsqu'un homme est passé devant moi et m'a dit:

-Tu cherches les Smirnoff Ice?

Pour le bénéfice de celles et ceux qui ne connaissent pas ce produit, il s'agit d'une boisson alcolisée à base de vodka, aromatisée aux fruits et surtoût associée aux femmes. Les hommes qui en boivent sont souvent affublés du sobriquet de tapette.

D'abord, il s'agissait encore une fois d'une offre de solution, non sollicitée, à un problème inexsitant. L'information qu'il voulait me partager m'était bien inutile dans ma quête.

Puis, il ne s'est adressé qu'à moi. Moi j'ai besoin d'aide pour trouver ce que je cherche. Mon partenaire pas. 

Finalement, il présume que je cherche un produit typiquement associé aux femmes. Comme si une femme ne peut vouloir autre chose que ce qui lui est spécifiquement destioné ou associé. Cela entre dans la mode récente des féminisation des produits associés au masculin: marteaux roses, fusils roses, etc. Ça creuse le fossé.

jeudi 19 septembre 2013

Déménagement

Dans le cadre de mon déménagement, je me départis de différents objets. Un de ces objets est ma sécheuse, que je vend à un couple de collègues. 

J'organisais avec ma collègue les arrangements pour qu'elles-ils viennent chercher la séheuse quand ma collègue a dit:

- Ah c'est bien, ce jour là il pourrait venir avec son fils, ils seraient deux gars. Ah oui les deux gars c'est bien pour la sécheuse.

Plus, tard, afin de prévoir un plan B au cas où le fils en question ne pourrait pas venir aider, elle me demande:

- Au pire, toi, pourrais-tu l'aider? C'est quoi qui est lourd, la laveuse ou la sécheuse?
- La laveuse. Une sécheuse ça se transporte très bien, je pourrais l'aider sans problème. 
- C'est vrai?! 
- Oui, j'ai déménagé moi-même mes électros à plus d'une reprise, une sécheuse c'est très facile.
- Ah oui?!
- ...
- Ah bon ben ok, on va regarder ça.

Donc, idéalement il faudrait deux hommes, mais dans le pire des pire, ce pourrait être une femme et un homme.

Je me répète, je le sais. Les courbes de normalité de force physique se superposent à 80%. 80%. Pas 10%, pas 15%, 80%. Ce n'est pas que les athlètes olympiques qui sont plus fortes que certains hommes. Ce sont des Mmes tout le monde. Tant qu'on va continuer à décourager les femmes de s'activer musculairement,on va globalement y croire, que nous ne sommes pas capables.

mercredi 18 septembre 2013

Homosucepticyclettus

Je fais du vélo sur une base régulière et j'utilise principalement les pistes cyclables.

J'ai observé un phénomène tout au long de la saison. Au début, je me disais que c'était un hasard. Quand il s'est répété, je croyais que c'était peut-être mon hypervigilance. Après plusieurs mois d'observation, force m'est de constater qu'il s'agit effectivement d'un phénomène sexiste.

L'homosucepticyclettus est un cycliste qui n'aime pas se faire dépasser par une cycliste. Ainsi, lorsque l'homosucepticyclettus se fait dépasser par une cycliste qui a un rythme de croisière supérieur au sien, il procède à une accélération ponctuelle afin de la re-dépasser. Mais comme la cycliste a un rythme régulier supérieur à celui de l'homosucepticyclettus, elle finit bien sûr par le re-dépasser. L'homosucepticyclettus, piqué dans sa fierté, répète le manège et ce, sans fin. 

Plusieurs hommes sont encore très affectés par le fait d'être surpassés par une femme dans un domaine plus typiquement masculin. Ici le cyclisme, originalement pratiqué majoritairement par des hommes et associé aux performances athlétiques. 

Si les femmes étaient perçues comme aussi capables que les hommes, ces derniers ne se sentiraient pas si mal d'être surpassés par elles. 

Salope

Un collègue me racontait son rêve de la veille.

J'étais dans un restaurant avec des amiEs et une salope s'est mis à nous lancer de la bouffe.

Salope. Entendre ce terme me fait mal. D'abord, de par mon expérience personnelle. J'ai été affublée de ce haineux sobriquet à plus d'une reprise dans ma jeunesse. Pourquoi? J'ai eu le  ''malheur'' d'avoir des relations sexuelles avec plus d'une personne (pas en même temps, je précise), d'aimer ça et de ne pas le cacher. Je me le suis fait lancer par des hommes dont j'ai refusé les avances, d'autres qui trouvaient mon habillement trop sexy, d'autres qui passaient en voiture et voulaient...je ne sais pas trop avoir quel effet, puis d'autres encore qui n'acceptaient pas que je me promène main dans la main avec ma conjointe. 

Entendre ce terme me fait mal parce qu'il indique une haine spécifique envers les femmes. Il n'y a aucun équivalent masculin. Salaud ne fait pas référence à la sexualité masculine, mais bien à la méchanceté et son équivalent féminin (salope) est aussi utilisé pour la méchanceté. Les termes haineux spécifiques envers les femmes sont nombreux et visent surtout la sexualité ou le corps: salope, pute, chienne, vache, charrue. Les fois où l'on souhaite référer à la sexualité débridée d'un homme, on utilise des termes féminins: pute, men whore et c'est fait de façon plutôt humoristique ou fière. 

Un peu comme l'utilisation du ''N'' word réfère spécifiquement à la couleur de la peau, salope réfère spécifiquement au genre. C'est un terme misogyne utilisé ouvertement, librement, et fréquemment, sans seconde pensée. Et ça me fait mal.  

Non, merci

Non, merci.

Deux mots. Simples. Clairs. Polis. Et pourtant.

Et pourtant, souvent, ils ne sont pas respectés.

Échange entre un résident et une résidente sur l'heure du souper à mon travail:

Lui, se penchant vers elle à littéralement deux pouces de son visage: Tu veux-tu de la lasagne?
Elle, se reculant un peu, sourire gêné: Non, merci.

Quelques minutes plus tard.

Lui, toujours penché sur elle: Tu veux pas de la lasagne?
Elle: Non, merci.
Lui: T'es sûre?
Elle: Oui, oui
Lui: Parce que quand y en aura pus, faudra pas le regretter là.
Elle: Oui oui.

Que l'on insiste un peu à offrir des aliments à quelqu'un qui vient d'arriver parce qu'on se dit que la personne est peut être gênée de se servir, je le conçois très bien. Que l'on insiste à plusieurs reprises et qu'on fasse suivre son refus d'une menace paternaliste, ça passe moins bien. Sans compter l'envahissement de l'espace de l'autre.

Je ne m'attarderai pas, j'ai déjà élaboré sur ces deux sujets.

mardi 17 septembre 2013

La p'tite

Je suis intervenante psychosociale dans un centre d'hébergement. Je suis donc automatiquement dans un rapport d'autorité avec les usageÈrEs. Comment? Elles-ils sont dans une position de demande d'aide et je fournis l'aide, j'ai des informations privilégiées et sensibles à leur sujet, elles-eux pas, je possède des connaissances dont elles-ils ont besoin, etc. Ainsi, même si on tente de diminuer le plus possible le rapport hiérarchique avec la clientèle, on est jamais complètement au même pied d'égalité.

Une de mes collègues mesure 5 pieds 2 environs. 

Le rapport?

Le sobriquet qu'on (les résidents) lui impose sur une base régulière: la p'tite.

Beaucoup d'hommes sont réticents à recevoir de l'aide en général, mais de la part d'une femme encore plus. Ils s'en sentent diminués. Une des façons qu'ils ont trouvé afin de récupérer un sentiment de pouvoir est de diminuer, de discréditer les intervenantes. Surnoms infantilisants, commentaires sur notre apparence, questions extensives sur nos compétences, tentatives de nous en ''boucher un coin'', étalage excessif de leurs propres compétences, intimidation, etc.

Je n'ai jamais vu un de mes collègues masculin se faire traiter de la sorte. 

Les hommes ne trouveraient pas si difficile d'être aidés par des femmes si nous étions vues comme des égales dans notre société.

Variation sur un même thème

Toujours lors de mon jogging de dimanche dernier.

Une homme dans une voiture m'a regardé, a mis ses mains ouvertes paumes vers le ciel à la hauteur de sa poitrine et  a fait des allées et venues verticales avec ses mains. Traduction: il mimait mes seins qui bougeaient pendant que je courais. 

Une des choses que je trouve difficile dans le fait d'avoir des gros seins, c'est qu'ils bougent dès que je m'active un peu et que je crains qu'ils attirent de l'attention indésirable. Il m'a confirmé que j'ai raison d'avoir peur. Ils étaient plusieurs dans la voiture à trouver ça très drôle. Moi je voulais me fondre dans le trottoir et pour le reste de ma course j'étais apeurée que d'autres personnes fixent leur attention sur mes seins, de me sentir sous la loupe, dénudée en public conte mon gré. 

Idem contrôle social des femmes que dans mon entrée précédente, mais aussi spécifiquement dans les sports. Ce harcèlement vise mes seins en action. Les activités sportives sont encore des lieux hostiles aux femmes, entre autre à cause de ce type de harcèlement sexuel très répandu. 

Envowèye, cours!

C'est ce que m'a lancé un homme, tête sorti de la voiture dont il était passager, alors que je faisais mon jogging dimanche dernier.

Je ne vois pas les hommes qui font de l'exercice physique en public se faire hurler ce genre (ou tout autre genre d'ailleurs) de commentaire par la tête. 

Je ne sais pas exactement ce que souhaitent accomplir les hommes qui agissent ainsi, mais je sais quel en est le résultat. Je me sens mal. Je me sens attaquée, harcelée, sous les projecteurs, humiliée, lorsque je reçois ce genre de commentaire. Résultat, mon expérience de jogging est beaucoup moins agréable. 

Résultat lorsque la plupart des femmes se font lancer des commentaires pareils à plusieurs reprises dans une vie, une année, une semaine, une journée, elles évitent certaines activités, certains lieux, certaines personnes et certains vêtements à certains moments afin d'éviter le plus possible de subir du harcèlement. Synonyme: contrôle social. 

lundi 16 septembre 2013

Moi à tes dépends

Un collègue de travail fréquente actuellement une femme. Elle a été très claire avec lui qu'elle souhaitait développer une relation sérieuse et qu'elle ne voulait avoir des relations sexuelles avec lui que si le sentiment était réciproque.

En discutant récemment, il m'a exprimé qu'il savait que cette relation ne déboucherait pas sur une relation sérieuse. Pour différentes raisons de valeurs, de personnalité.

Dans la même conversation, j'ai appris qu'il avait des relations sexuelles avec elle. Je lui ai reflété que je trouvais cela bizarre, vu qu'elle était claire qu'elle ne voulait pas relations sexuelles s'il ne voulait pas de relation sérieuse. Il s'est arrêté, a réfléchi, puis a dit:

Ah oui, c'est vrai.

Suite à quoi il a décidé de continuer à la voir,  à coucher avec elle et de ne pas lui partager tout de suite le fait qu'il ne veut pas de relation sérieuse avec elle.

Il n'avait pas pris le temps de réfléchir à ce qu'elle voulait avant de coucher avec elle. Maintenant il a reprit conscience de sa réalité à elle, de ce qu'elle veut ou pas et décide volontairement d'aller à l'encontre de ses désirs à elle afin de répondre à ses désirs à lui.

Cette attitude principalement masculine, déshumanisante et égocentrique est banalisée, voire cautionnée dans notre société. Elle est blessante et peut affecter les gens qui la subissent à plusieurs niveaux: sentiment de trahison, baisse de l'estime personnelle suite à la non considération de leurs désirs et de l'utilisation de leur corps, méfiance et j'en passe.

dimanche 15 septembre 2013

Phhussiuutuuuuutshshshs

Vous n'avez rien compris? Moi non plus. Mais je sais que ce n'était pas des mots doux. Comment? Je vous met en contexte et vous allez arriver à la même conclusion que moi.

Je marchais dans une petite rue isolée à 22h00 le soir et lorsque je suis passée devant un homme assis sur un banc, il s'est mis à me murmurer des choses que je n'ai pas comprises.

Je n'ai pas accéléré le pas parce que je refuse de modifier mes comportements par peur, mais le fait est que j'avais effectivement peur. Je me sentais intimidée, craignais pour ma sécurité, j'avais des scénarios de viol dans la tête.

Peut-être se parlait-il à lui-même. Peut-être me disait-il de faire attention, la rue était barrée. Peut-être me complimentait-il sur mes souliers, effectivement superbes.

Peu importe. Le fait est que j'avais peur, que j'avais des scénarios de viol dans la tête. Cette peur et ces scénarios ne me sont pas tombés du ciel. Ce n'est pas ma fertile imagination qui a inventé cette menace potentielle. C'est mon expérience de vie. 98% du temps qu'un homme m'aborde dans la rue, c'est avec un motif sexué et ce, depuis que j'ai 11 ans. J'ai été suivie, harcelée, attouchée, solicitée pour services sexuels, attaquée et ce, depuis que j'ai 11 ans. Depuis plus de 20 ans, ça a été mon expérience. Et je ne suis pas une anomalie.

Lors de plusieurs soirées avec d'autres femmes ou peronnes trans ayant eu une socialisation de femmes, dès qu'unE d'entre nous brisait le silence, les histoires se multipliaient. Mon vécu n'est pas extraordinaire, il est la norme. 

Les femmes vivent encore certaines situations sociales dans la peur et pour moi, cela dénote un problème majeur et global de société.

Et nous là-dedans

Le féminisme n'est pas particulièrement prisé dans notre société. Je dirais même qu'il est très critiqué, voir haï. Malgré cela, il semble y avoir consensus social sur le fait que les femmes sont encores celles qui assument la majorité des tâches ménagères ainsi que la gestion des tâches ménagères. J'entends régulièrement des gens critiquer cette réalité et certains hommes s'en réjouire.

À mon travail, tous les matins, on prend le temps de déterminer les tâches de la journée avec les résidentEs. Récemment parmi les résidentEs, il y avait un seul homme et plusieurs femmes. Les femmes prenaient sur elles de faire les tâches qui étaient assignées à l'homme en plus des leurs, cuisinaient des desserts à son intention, le chouchoutaient.

Un livre paru il y a quelques années démontrait que, bien que les femmes soient conscientes de cette inégalité, elles la toléraient et participaient  à son maintient par peur de paraître trop exigentes et d'être éventuellement laissées par leurs conjoints.

La peur d'être seule est bien ancrée dans notre inconsscient: une femme seule est incomplète, indésirable.  Nous avons pourtant aussi une part à jouer dans notre qualité de vie quotidienne. Si toutes les femmes refusaient un partage inéquitable des tâches dans leur couple, le risque de rupture en faveur d'une autre femme moins ''exigeante'' serait nul. Les hommes intérioriseraient que les tâches ménagères sont autant les leurs que celles des femmes.
 
Loin de moi l'idée de responsabiliser uniquement les femmes des changements à apporter dans nos comportements genrés. Les hommes doivent prendre conscience de leur participation aux inégalités et agir activement afin de les déconstruire, d'autant plus qu'ils possèdent plus d'outils pour y arriver que les femmes. Mais nous avons une certaine zone de pouvoir et il nous nous devons, pour nous-même et les unes les autres, de l'exploiter.

Homme à femmes

Ha heille, je suis bien entouré moi là.

De dire un résident en référence au fait qu'il était uniquement entouré de femmes. CertainEs pourraient voir son commentaire comme un compliment. Cette analyse ne prend pas en considéaration les implications du commentaire.

S'il se considère chanceux d'être entouré uniquement de femmes, c'est parce qu'il voit en les femmes quelque chose de plus plaisant qu'en les hommes, forcément. Elles lui apportent quelque chose qu'un environnement uniquement masculin ne lui apporterait pas. 

Qu'est-ce donc cette chose? Du bonbon pour les yeux, entre autres. Dans ce contexte les femmes sont (ma foi, encore) valorisées pour leur apparence. C'est bien d'être une femme parce qu'une femme c'est beau et que ça lui fait plaisir d'en voir plusieurs à la fois. Parler, rire, jouer, il peut faire tout cela avec des hommes. Que peut-il uniquement faire avec des femmes? Les objectifier.

C'est ce qu'on appelle en anglais un Back Handed Compliment, un compliment du revers de la main, qui a un envers, une contrepartie.

D'apprécier le fait d'être spéficiquement entouré de femmes fait forcément référence à des stéréotypes de genre puisque sinon, il n'y aurait pas nécessité de souligner la situation. Ainsi, son appréciation peut être due aux qualificatifs que l'on associe à la féminité, douceur, caring, humilité, etc.

Dans tous les cas, les femmes sont soit objectifiées, soit confinées à un rôle très sticte de genre. Déroger à ce rôle viendrait briser le plaisir de cet homme.

Marquer son territoire

L'autre jour je suis arrivée sur mon lieu de travail et le bureau commun était plutôt bordélique. Une de mes collègue, connue pour être éclatée et désorganisée, s'est rapidement excusée, voyant qu'elle s'était étalée dans le bureau. Rapidement, un autre collègue, prenant conscience de sa participation au désordre, dit:

- Ah oui, c'était un environnement trop féminin, j'ai voulu me l'approprier.

Cela était sa forme d'explication (excuse?) pour le désordre régnant dans le bureau.

D'abord, n'a-t-il pas remarqué que le désordre était du en grande partie aux comportements d'une femme? Comment pouvait-il affirmer que le désordre est un élément typiquement masculin devant la situation telle qu'elle était? Simplement parce que les stéréotypes sont ancrés à ce point. 

Puis, il n'a pas pu simplement exprimer son malaise d'avoir participé au désordre, il a du utiliser une forme d'humour qui justifiait ses actions. Les hommes sont socialisés à communiquer ainsi. Ne pas reconnaître un tort et justifier son action. L'environnement était trop féminin. S'excuser démontre de la faiblesse.

mardi 10 septembre 2013

Un gars, une chorégraphie

Dans  mon cours de danse, nous apprenons une nouvelle chorégraphie, dont une partie est conçue pour un homme. Hier nous n'étions que des femmes dans la classe mais j'ai appris plus tard qu'il y aurait un homme qui se joindrait au cours, d'où la partie de chorégraphie lui étant destinée.

Ainsi, pour les 20 femmes de la classe, une seule chorégraphie, et pour le seul homme, une seule chorégraphie aussi. Cela parle beaucoup de l'importance que l'on accorde aux homme dans la société. Un seul dans le cours et il se mérite une chorégraphie au complet. C'est donc à dire que la professeure a prit de le temps de créer toute une chorégraphie pour un seul étudiant parmi ses dizaines d'autres étudiantes.


Blague

Hier marquait le début de la saison de danse. La professeure nous a avisées que la première chorégraphie que nous allions faire serait plutôt féminine et sexy. Elle a aussi mentionné qu'il y avait une partie conçue pour un homme mais qu'on ne la verrait pas maintenant. 

Personnellement, je suis plutôt mal à l'aise de faire des chorégraphies très féminines. Lorsque j'ai entendu qu'il y avait une partie pour un homme, j'ai sauté sur l'occasion en me disant que je me sentirais mieux dans cette partie. J'ai demandé:

- Je peux-tu faire le gars?

Mes collègues de classe se sont esclaffées. Pour elles il s'agissait visiblement d'une blague. Je ne pouvais pas sérieusement vouloir faire la partie conçue pour l'homme. Ou alors l'idée que je le fasse était risible.

Cette réaction ramène entre autres à la difficulté d'accepter des rôles de genre non stéréotypés. J'ai déjà abordé comment cette tendance est nuisible, potentiellement dangereuse. J'ai aussi déjà mentionné que, malgré que la rigidité des stéréotypes soit nuisible pour tout le monde, les femmes sont les grandes perdantes dans la répartition des privilèges associés aux rôles de genre.

Mon instinct me souffle qu'il y a possiblement de l'homophobie aussi derrière cette réaction. Sont-elles mal à l'aise de voir une autre femme dans le rôle de l'objet de désir leur étant destiné? Piste de réflexion.

La norme

Vous êtes bons!

C'est ce que ma professeure de danse  nous a répété, à sa classe exclusivement féminine, pendant une heure de temps.

La masculin est la norme, le reste (principalement le féminin) est exceptionnel.

mardi 3 septembre 2013

Mansplainer

En vue de mon déménagement, je vends certains objets sur Internet. Tôt ce matin, un homme est venu chez moi pour acheter un écran d'ordinateur. Il voulait s'assurer que la luminosité lui convenait car il a de mauvais yeux et m'a demandé de le tester. Je trouvais sa demande tout à fait légitime et j'étais heureuse de l'aider.

J'ai amené l'écran dans la salle de travail, il est venu à ma suite. En fait, il se tenait pratiquement au dessus de moi. Avant que je commence à débrancher et rebrancher les fils nécessaires, il s'est mit à m'expliquer quels fils débrancher et rebrancher pour tester l'écran. Je lui ai poliment dis que je savais bien quoi faire.

Je regardais les fils et réfléchissais à ce que je devais faire lorsqu'il m'a redit ce que je devais faire pour que ça fonctionne. J'ai poliment réitéré que je savais bien quoi faire, merci.

Toujours en se tenant presque sur moi, me laissant peu d'espace de mouvement, il a répété le manège à deux autres reprises. J'ai finalement utilisé un ton plus ferme:

Écoutez M., c'est pas la première fois que je teste un écran, je sais ce que j'ai à faire. Il n'y a pas longtemps que je suis réveillée, laissez-moi deux minutes pour figurer le tout. Je commence à trouver ça lourd, ce matin là.

Il a enfin arrêté. Jusqu'au moment de mettre l'écran dans sa boîte.

Ce qu'il faisait est décrit dans certains milieux féministes comme du mansplaining. Une traduction littéraire serait peut-être hommeplication ou hommepliquer.  Le concept peut être définit ainsi: tendance de certains hommes à croire qu'ils en savent plus qu'une femme sur un (ou des) sujet et conséquemment procèdent à leur expliquer des choses qu'elles savent déjà. Comme le nom le dit, c'est un phénomène essentiellement porté par les hommes. 

Les hommes sont socialisés à avoir confiance en leurs connaissances et présumer qu'ils en savent plus que les autres. Ils utilisent aussi leurs connaissances comme outil de prise de pouvoir, entre eux et avec les femmes. De notre côté, nous sommes socialisées à remettre en doute nos affirmations et connaissances, ainsi qu'à laisser le rôle actif aux hommes. Ce matin la dynamique ne fonctionnait pas car je refusais de jouer le rôle associé à mon genre.

dimanche 1 septembre 2013

Double standard

Hier était un jour sans événement sexiste. Yé.

Aujourd'hui j'ai passé du temps en famille. Ma nièce semble avoir prit l'habitude de grogner lorsqu'elle est mécontente. Elle ne manipule pas les objets avec beaucoup de délicatesse et s'exprime parfois avec agressivité (coups, menaces). Elle se fait reprendre à chaque fois qu'elle agit avec un de ces comportements.

Je ne suis pas contre l'idée de reprendre les enfants qui démontrent de l'agressivité. Ce qui me dérange est que l'agressivité semble être beaucoup plus tolérée chez les garçons que chez les filles. Je l'ai moi-même vécu dans l'enfance.

Le fameux ''boys will be boys'' semble encore prévaloir lorsque l'on est témoin de comportements agressifs chez les garçons, alors que chez les filles, c'est perçu comme innacceptable.

Ce sont les premières pierres qui construisent (entre autres) la perception qu'une femme agressive est hystérique ou folle, parce qu'on associe pas l'agressivité à un comportement sain chez une femme, alors que chez un homme oui.