mardi 19 mars 2013

Charges lourdes

J'adore l'eau Perrier. J'en bois tous les jours. Je les achète à la caisse pour économiser un peu d'argent. 

Un commis situé près de moi alors que je mettais la caisse sur mon chariot:
  • Ça va aller?
  • Moi - Oui, merci.
  • Vous êtes sûre?
  • Oui, oui, merci.
Il a ensuite passé les minutes suivantes à tenter de diriger vocalement mon chariot à distance: hip, attention, oups, à droite, oui, par là.  À la caisse l'emballeur m'a demandé si j'avais besoin d'aide pour porter la caisse à ma voiture.

Le problème ne se situe pas dans l'offre d'aide. Le premier problème se situe dans l'insistance devant le refus (tel que mentionné dans des entrées précédentes).

Le deuxième problème se situe dans le fait qu'on offre de l'aide uniquement aux femmes (à moins que l'homme soit très âgé...). Cette ''offre'' est basée sur la croyance que les femmes sont physiquement moins fortes que les hommes.

Les courbes de normalité de force physique se superposent à 80%. Cela signifie qu'en fait, il a beaucoup plus de femmes et d'hommes de force équivalente que non équivalente. Portant, on décide dans notre société de concentrer nos pensées et actions sur la minorité d'hommes plus forts physiquement que les femmes.

Pourquoi? Afin de justifier le contrôle mielleux qui brime l'autonomie des femmes si prisé par les hommes (et par beaucoup de femmes).

J'ajouterais qu'il est fréquent que devant mon refus d'aide, on me qualifie de 'femme forte'' de façon sarcastique, qu'on affirme que je ''veux faire mes preuves'', qu'on me discrédite en disant à quel point je suis ''cute'' de vouloir être autonome. Ce que je n'ai jamais vu un homme qui veut faire les choses par lui-même subir. Au contraire.

1 commentaire:

  1. Amen

    Des fois ça me donne le goût de dire: «Je te l'ai déjà donnée, ma réponse». Mais bon, je sais que je serais alors perçue comme une «bitch».

    Cette insistance est effectivement usante, car elle laisse entendre qu'on ne sait pas ce qu'on veut ou qu'on ne peut pas, en tant que femme, souhaiter autre chose que l'aide que l'homme nous offre. Mais surtout, c'est une non reconnaissance de notre volonté. Pourquoi ne peut-elle pas être entendue dès le premier coup? Pourquoi faut-il insister et répéter plusieurs fois non pour que le message passe?

    Certes, des femmes peuvent utiliser le «t'es sûre?», «vraiment?», mais je le remarque davantage que dans les rapports hommes-femmes.

    Un prolongement de ça? Lorsqu'on s'apprête à prendre un objet lourd et qu'un homme s'élance pour le prendre à notre place sans que nous n'ayons rien demandé. Là la présomption de faiblesse et d'incompétence entre pleinement en ligne de compte. Même si, admettons, le bonhomme qui s'élance a moins de force physique que moi, est-ce que ça signifie que la tâche physique que je m'apprête à entreprendre me dépasse et m'est pénible? Jusqu'à présent, pour toutes les fois où des hommes ont presque fait le vol plané pour venir me remplacer, ce ne fut jamais le cas.

    Et là, pour tous ces hommes qui seraient tentés de faire «mais là, wow-wow, tu capotes là», j'aimerais bien les placer devant la situation suivante: comment vous sentiriez-vous si, chaque fois que vous vous apprêtez à déployer un effort physique, un homme plus baraqué que vous s'élance pour vous remplacer et ce, en insistant si vous lui dites que vous êtes correct?

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