lundi 14 octobre 2013

Mon patron (partie 4)

Suite aux derniers événements reliés à la dynamique de harcèlement que je subis de la part de mon patron, 


j'ai demandé à ma cheffe d'équipe de lui parler de ma part, puisque j'avais avisé que c'était la prochaine étape de mes démarches par rapport au harcèlement. 

Environ une semaine après qu'elle lui ait parlé, nous avons eu une réunion d'équipe au travail. À un point de la réunion j'ai fais une blague à un de mes collègues. Suite à cela, mon patron m'a regardée et m'a dit sur un ton sarcastique:

- Ah, on a le droit de faire des blagues?

Cela était en lien direct avec le fait que je dénonce son attitude inadéquate envers moi. Le harcèlement et la pression psychologiques continuent. À suivre.


Je, Me et Moi

L'autre jour mon partenaire de vie et moi nous étions donné rendez-vous pour passer la soirée ensemble. Au bout d'environ une heure et demie de temps, j'ai dû demander du temps et de l'espace de parole.

Malgré qu'il soit un homme sensibilisé aux enjeux de communication femme-homme, il continue souvent de s'approprier l'espace et le temps lors de nos moments ensemble. C'est dire à quel point cette attitude est ancrée. Et pas que chez lui. 

Il n'est qu'un représentant des dynamiques sociales bien apprises par tous et toutes.

jeudi 10 octobre 2013

Le poil

L'autre jour j'ai complimenté un collègue sur son habillement. J'ai ajouté que son look, combiné à ma connaissance du fait qu'il se rase les jambes le rendaient attirant à mes yeux. 

Un autre collègue qui était avec nous a bien ri quand j'ai mentionné les jambes rasées. Il riait à l'idée qu'un  homme se rase les jambes ou à l'idée que l'on puisse trouver cela attirant, je ne le sais pas.

Puis, quand il a vu que nous étions sérieuxSE, il était incrédule. Il a fallu le convaincre. Mon collègue a pratiquement du lui montrer ses jambes pour lui prouver qu'il se rasait bel et bien les jambes. Finalement, il était bien troublé de cette réalité.

Un élément féminin sur un homme dérange beaucoup. C'est vu comme indigne, comme teintant la masculinité. Dans l'inconscient (et le conscient) collectif, le féminin n'est toujours pas à la hauteur des hommes.



mercredi 9 octobre 2013

Je te déranges? Pas grave.

Je suis allée à la soirée de clôture d'un festival d'art de performances. Entre deux performances, nous étions un petit groupes de gens qui discutaient en sous-groupes. À un certain moment, un homme est venu se planter entre les 2-3 sous-groupes et s'est adressé à l'une d'entre nous qui était en pleine conversation. Il parlait si fort que tout le monde a cessé de parler.

Mais, il devait y avoir urgence pour qu'il agisse de façon si cavalière! penserez-vous. Hé non, bonnes gens, il ne s'agissait qu'un d'un homme normal qui voulait s'informer de la qualité du spectacle. 

Le gars s'est éperdument foutu du fait qu'il dérangeait plusieurs conversations, l'information qu'il voulait était plus importante.

Je me sens comme un disque brisé...

mardi 8 octobre 2013

T'aimes le sushi?

Voir l'entrée précédente pour un mise en contexte.

Le lendemain de mon souper au restaurant, je racontais à une amie l'épisode du mainsplaining sur le sushi lorsqu'un homme debout près de nous s'est approché de moi, son visage à littéralement 3 pouces du mien, a interrompu notre conversation pour me demander:

- T'aimes le sushi?

J'ai appris qu'il cuisinait le sushi dans un restaurant, qu'il aimait bien le sushi mais qu'à force d'en manger il se tannait. Il a finalement demandé pourquoi on parlait de sushi. Je me suis retournée vers mon amie et j'ai continué ma conversation. 

C'est le thème récurent de la semaine on dirait, l'espace-temps que prennent les hommes pour acquis et leur irrespect pour ceux des femmes. À chaque fois on voit bien le peu de valeur qui nous est accordée.


Tu connais le sushi?

J'étais récemment au restaurant avec mon partenaire. Assis à côté de nous, il y avait deux personnes visiblement sur un premier rendez-vous. Un homme et une femme. L'homme parlait fort et avec assurance. Mon partenaire s'est penché vers moi et m'a dit:

- On regarde si elle va parler pendant la soirée, ok?

Regards complices. On sait très bien qu'elle va peiner à sortir deux mots et qu'il va en profiter pour reprendre son souffle et penser à sa prochaine réplique. 

Ce qui devait arriver arriva. La pauvre fille a à peine parlé et a du se taper deux heures de mainsplaining sur divers sujets. Dont celui du sushi. À un moment, l'homme a admis n'avoir mangé du sushi que deux fois dans sa vie. Il a suivi ce dévoilement par une demie heure d'explications sur les divers termes entourant le sushi. Il était un expert.

C'était un deux pour un sur l'espace et la connaissance.

dimanche 6 octobre 2013

Faites Place

À l'extérieur d'une salle de spectacle, la foule se pressait sur le trottoir afin de discuter des dernières performances présentées. Je parlais avec une amie lorsque trois hommes sont passés près de nous. Non, à travers nous, devrais-je dire. 

Ils ne nous ont pas demandé de les laisser passer, ne se sont pas excusés, n'ont pas fait signe qu'ils souhaitaient passer, ne nous ont même pas regardées. Ils sont passés en nous poussant, point barre. 

Je réitère que nous vivons dans un sytème où les hommes apprennent qu'ils ont droit à l'espace. Ainsi, ils ne ressentent pas le besoin de considérer les gens dans leur chemin puisqu'ils-elles occupent ce qu'ils considèrent comme leur espace. C'est l'autre qui est en faute. 

Cette socialisation laisse place à des expériences comme celle que j'ai vécu hier, de se faire bousculer sans considération. De plus, elle alimente une vision tordue de la réalité où l'on considère qu'une femme qui prend un peu de place prend trop de place. Résultat: une sous représentation sociale des femmes, de la violence envers les femmes présentes dans la sphère publique et un sentiment d'inadéquation chez les femmes qui tentent de prendre la place qui leur revient

samedi 5 octobre 2013

Fashionista

Avec deux de mes collègues femmes, nous parlions d'un autre collègue. En fait, nous parlions de son superbe sens du style et de sa garde-robe à faire rougir Carrie Bradshaw. Une de mes collègue de dire:

- Il est pire que nous autres.

Nous autres étant les femmes en général.

D'abord, il est faux d'affirmer que toutes les femmes ont une passion vestimentaire qui les fait surconsommer la guenille. 

Puis, pourquoi sa tendance est-elle PIRE? Comme si à la base l'intérêt pour la mode et l'achat en masse de vêtements et d'accessoires était une mauvais chose. Les intérêts typiquement féminins sont constamment vus comme négatifs ou discrédités en comparaison avec ceux des hommes: films d'amour, commérage, la couleur rose, les cupcakes, les régimes, la mode. 

J'ai déjà entendu des commentaires en lien avec des intérêts masculins qu'avaient des femmes:

- Elle est AUSSI bonne que moi.
- Elle a AUTANT d'outils que moi.
- Elle s'y connaît PLUS que ben des gars. 

Notez l'absence de vocabulaire négatif. 

Bip Bip

Hier soir j'attendais l'autobus sur une rue commerciale passante. L'autobus arrivait alors qu'un homme traversait la rue en diagonale au milieu du trottoir. La chauffeure a klaxonné l'homme: bip bip. Je suis rentrée dans l'autobus, ai payé mon passage. Je me dirigeais vers l'arrière lorsque j'ai entendu une voix dire:

Pressée la Mme?!

Je me suis retournée. C'était l'homme qui s'était fait klaxonner qui critiquait la chauffeure. Elle lui a répondu.

- Écoutez M. vous étiez en pleine rue devant l'autobus.
- Non, mais c'est pas une raison. Elle est pressée la Mme, là!

S'en est suivi un court dialogue non pertinent ici. 

Je pose la question. Si la chauffeure avait été un chauffeur, comment le passant aurait-il réagit? Une chose est certaine, il n'aurait jamais dit: Pressé le M?! Cette formulation est méprisante et infantilisante. Il aurait possiblement essayé d'entrer dans un jeu de pouvoir avec un chauffeur, mais pas automatiquement et pas de la même manière.

1 cuisine 2 femmes

La cuisine à mon travail est mal aménagée. Malgré une grande superficie, tout le nécessaire pour cuisiner se trouve coincé au même endroit: four, lavabo, poubelle, tiroirs, espace comptoir. Nous devons constamment passer les unEs devant les autres, s'excuser, se tasser et les accidents sont donc fréquents. Ainsi, lorsque j'ai fais tomber la poubelle alors que ma collègue et moi cuisinions ensemble, je n'étais pas choquée ou surprise le moins du monde. Malgré tout, elle a passé le commentaire suivant:

- Ah deux femmes dans une cuisine hein?! Ça marche jamais.

Je lui ai répondu que mes chromosomes n'avaient pas fait tomber la poubelle, mais bien mes mains. 

Historiquement, et encore beaucoup aujourd'hui, les cuisines des maisons ont été l'espace des femmes. Elles étaient souvent le seul endroit où les femmes avaient un peu de contrôle et de pouvoir. Ainsi, elles y investissaient beaucoup de leur être et protégeaient farouchement cet espace. C'est de cette réalité historique et encore relativement contemporaine que découle le commentaire de ma collègue. Il entre aussi dans la tendance sociale à positionner les femmes en ennemies et non en collaboratrices. 

La représentation sociale, si juste peut elle être, influence les actions et les pensées sociales. Tant que nous allons continuer à représenter la cuisine comme étant l'espace de prédilection des femmes, nous allons contribuer au maintient de cette réalité. 

Note aux détracteurs historique: il est possible de donner un portrait juste de l'histoire et de la réalité actuelle tout en la critiquant, l'un n'empêche pas l'autre. De plus, l'histoire telle qu'elle nous est racontée est souvent énormément faussée quant à la place (ou l'absence) des femmes dans la société.

Septembre

6 jours de plus en septembre sans événement sexiste à rapporter.

mercredi 2 octobre 2013

À l'écoute

Récemment j'ai passé une journée en compagnie de plusieurs de mes amiEs. Après de l'activité physique, nous nous sommes assisES autour de pizza et de bière et nous avons discuté de tout et de rien.

Les mêmes éléments de communication problématiques associé au genre habituels sont ressortis dans notre groupe. Par exemple, avant de commander la pizza, j'ai demander aux gens d'être silencieuxSES pendant mon appel. Un ami n'a pas entendu (écouté?) et a continué sa conversation. Il ne voyait pas le malaise de son interlocuteur, ni n'identifiait les chhhuuttt, comme étant à son endroit. Il a fallu l’interpeller fort et lui faire signe pour qu'il arrête de parler. De plus, les hommes avaient une tendance plus fréquente à couper la parole et fallait les en avertir par moments. Tout cela au sein d'un groupe dont la majorité des membres sont sensibles à la cause féministe et sont au courant des dynamiques de communication inégales. 

C'est dire à quel point c'est ancré et qu'il reste du travail à faire. 

Baisés

Au travail, nous faisons face à une impasse. Nous souhaitons améliorer nos conditions de travail Et notre salaire. Il semble que cela soit impossible à concilier. Afin d'illustrer cette réalité, mon patron a employé l'expression suivante:

- On est baisés. 

Ah, la bonne vieille image de la pénétration comme outil d'assujetissement. 

Tant que l'on verra la pénétration sexuelle comme un outil d'assujetissement, on pourra considérer que l'on continue de voir les femmes et les homosexuels comme des assujetiEs. 

Cette vision contribue aussi grandement à la culture du viol, puisque les agressions à caractère sexuel sont des prises de pouvoir. 

Complication

Une femme et sa fille marchaient sur la rue tout en discutant de façon animée. En les observant, il était facile de conclure que la petite était mécontente de quelque chose.  Éventuellement, elles croisèrent une femme qu'elles connaissent. Voyant le mécontentement de la petite, elle s'est éclamée:

- Ah c'est compliqué, hein! Une vrai fille. 

Le mythe très ancré dans notre imaginaire collectif comme quoi les femmes sont compliquées (entendre, plus compliquées que les hommes et pas pour des bonnes raisons) a la couenne dure. 

J'ai déjà expliqué en quoi des stéréotypes de genre rigides sont nocifs, je n'y reviendrai pas.

Le mythe spécifique de la femme compliquée contribue à plus d'un élément problématique. D'abord, il dépeint les femmes d'une façon négative, cela contribue à la démonisation plus globale des femmes. Démonisation, le mot semble fort mais je n'en connais pas d'autre qui décrive aussi bien le phénomène selon lequel les femmes sont constamment analysées avec une lunette négative: responsables des tares de leurs enfants, infidèles, manipulatrices, insidieuse, non solidaires, etc. En effet, lorsque l'on parle de la soit disant complexité des femmes, on en parle pas de façon positive et curieuse mais bien de façon négative et la plupart du temps en comparaison avec les hommes.

Cet élément de comparaison alimente le sentiment d'une guerre d'opposition entre les sexes. 

De plus, le mythe contribue aussi à notre tendance à banaliser, à discréditer et à infantiliser les problèmes et les émotions des femmes. On peut rapidement les balayer du revers de la main avec l'excuse de la complication inutile du caractère femme de la personne impliquée. Cet aspect nous encourage à alimenter ce mythe, puisqu'il nous permet de nous dissocier des problèmes des autres, des femmes.