lundi 25 mars 2013

Je suis le Père Noël

J'ai porté attention ces derniers temps à l'espace physique que j'occupais versus l'espace physique qu'occupaient les hommes autour de moi.

Vu la quantité d'hommes qui étaient pratiquement assis sur moi dans les transports en commun, j'en suis venue à la conclusion que j'étais possiblement le Père Noël. Je ne vois pas d'autre explication, à moins,  bien sûr, d'accepter que nous vivons dans une société encore sexiste. 

À mes côtés, ils ont les jambes bien écartés, les coudes aussi, alors je suis les jambes serrés, les coudes à l'intérieur, une fesse qui dépasse sur le bord du banc. L'espace leur appartient. Et lorsque j'ose essayer de prendre un peu plus d'espace, je reçois systématiquement un regard de frustration, comme si j'étais bien impolie de vouloir occuper toute la grosse moitié de l'espace du banc double.

Les femmes sont non seulement moins représentées, mais occupent aussi physiquement moins d'espace dans la société. Elles sont moins présentes dans les rues, y prennent moins de place. De plus, plusieurs espaces publics sont encore tacitement et officieusement principalement pour les hommes ou women unfriendly: gym, stades sportifs, tavernes, parcs mal éclairés. 

Je ne vois pas encore le jour ou on pourra justifier des dépenses de milliards de dollars pour construire des structures conçues principalement pour les femmes.


2 commentaires:

  1. Tellement vrai: surtout en ce qui concerne l'espace publique qui, depuis toujours, est le territoire masculin. Les femmes commencent à peine à y prendre une place, je ne dis pas «leur place» car je pense que pour bon nombre de personnes la place publique est encore réservée aux hommes et voici un exemple vécu plus d'une fois. Une femme d'un certain âge croise un groupe de jeunes «mâles» sur le trottoir, ils prennent tout l'espace et n'ont visiblement pas l'intention de se déplacer pour laisser passer la grand-mère. Mais celle-ci décide qu'elle a droit de circuler sur le trottoir et elle décide de continuer d'avancer en les regardant en pleine face. Ceux-ci vont légèrement se déplacer, avec beaucoup d'efforts, pour laisser un peu d'espace à Mémé sur le trottoir afin qu'elle n'ait pas besoin de descendre dans la rue au risque de se faire frapper par une voiture. Ce genre de situation ne s'est jamais produite lorsque je rencontre un groupe de jeunes filles. La question: les filles sont-elles mieux éduquées ou les garçons pensent automatiquement que l'espace leur appartient et que Mémé n'est qu'une usurpatrice?

    RépondreEffacer
  2. J'essaie de mettre en lumière le sexisme tout en m'éloignant de la polarisation femme-homme (fille-garçon). Je me centre plutôt sur les apprentissages sociaux en lien avec le genre. Si j'avais à répondre à la question, je dirais que dans cet exemple les garçons ont intériorisé la construction en lien avec la masculinité qui leur dit qu'ils ont droit à cet espace et qu'ils n'ont donc pas à se priver de ce privilège au profit des autres. La construction comportementale féminine est le devoir de prendre en considération la réalité des autres et d'agir de façon aidante. Ici, la réalité de l'autre est son besoin d'espace. Ces jeunes sont de bonNEs représentantEs de certains apprentissages genrés problématiques encore présents dans notre société.

    RépondreEffacer