dimanche 10 mars 2013

La sexualité comme insulte (trigger warning)

J'attendais l'autobus à la sortie de mon cours de danse, (http://feminismesquotidiens.blogspot.ca/2013/03/princesses.html) lorsque j'ai entendu des hommes crier, qui semblaient s'invectiver.

J'ai tendu le cou et les oreilles, à l'affût, au cas où un problème surviendrait, que quelqu'unE doive intervenir ou appeler la police, sait-on jamais. J'essaie d'être une bonne citoyenne :).

Un groupe de trois homme sortit d'une ruelle. L'un d'entre eux marchait d'un pas très militaire, gesticulait fortement et criait. Les deux autres se sont rapidement éloignés. L'homme, maintenant seul, continuait de marcher en long et en large, en criant, parfois seul, parfois après les passantEs. Il a croisé une femme promenant son chien et voulut interagir avec elle et le chien. La femme semblait apeurée et a plutôt continué son chemin. L'homme, insulté, se mit à l'invectiver:

À va se faire fourrer ta chienne! Par moé estie!

Et l'homme poursuivit son chemin en maintenant ses cris.

D'aucuns souligneront que l'homme était dans un état mental altéré, soit par la consommation, soit par la maladie, peut-être les deux. J'en conviens. Il reste que même délirant, il est influencé par sa société et il n'a pas choisi son insulte au hasard.

Il a spécifiquement choisit une insulte qui utilisait la sexualité afin de prendre du pouvoir sur la situation (possiblement sur la femme). L'enjeu se situe au niveau du rôle attribué à la pénétration dans la sexualité. Ici, la personne qui ''se fait fourrer'' ou ''reçoit la pénétration'', est dépeinte comme inférieure PARCE qu'elle ''reçoit'' la pénétration. 

On remarque aussi le rôle passif de la personne pénétrée. Effectivement, elle se ''fait fourrer'' elle ne ''fourre'' pas. Elle reçoit passivement la pénétration. De plus, dans notre société, si on pense à une personne pénétrée sexuellement, on visualise une femme (ou à un homme par un autre homme). 

Ainsi, cela démontre encore la vision collective d'infériorité que nous avons des femmes dans leur rôle sexué. La pénétration pénienne est encore vue comme une forme de prise de pouvoir du pénétrant sur la pénétrée.

Richard Desjardins dansle film Le party: M'a fourrer ta femme pis a va aimer ça.

Encore une fois le rôle passif de la pénétrée, ainsi que l'utilisation de la pénétration de la femme de l'autre (sa possession), afin de prendre du pouvoir sur l'autre homme.

Puis, l'homme sur la rue a été très clair à propos qui allait prendre le pouvoir par la pénétration. Il était très fier de clamer que la chienne se ''ferait fourrer'' par lui.

Je vous réfère cet article pour de plus amples explications:

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