vendredi 16 août 2013

Compliquées

Hier au travail un résident m'a offert d'un dessert qu'il avait acheté pour tout le monde. J'ai refusé en expliquant que je n'étais pas friande de sucré en général. Voici l'échange qui suivit. 

- Ah les femmes, toujours compliqué pour ces affaires là.
- Je vais t'avouer que je vois mal le lien entre mes goûts alimentaires et mon sexe biologique.
- Ben, tu comprends ce que je veux dire, là.
- Heu, non, non, je ne comprends pas.
- Ben les gars on fait pas attention à ces affaires là.
- Vous faîtes pas attention à vos goûts?
- Hein?
- J'ai dis que je n'aime pas le sucré, pas que je faisais attention à ce que je mangeais.
- Ah, ok, ouin.

D'abord, il a interprété mon refus comme étant motivé par un soucis de poids (ou de santé...mais j'en doute, vu notre contexte de société). Pourtant, mon explication avait été très claire. Soit il ne m'a pas écoutée, soit le lien entre le poids et l'alimentation des femmes est si encré qu'on interprète tout élément en lien avec la nourriture avec cette lunette. Dans tous les cas c'est problématique.

Puis, il a rapidement généralisé ma réponse individuelle à toutes les femmes. Le fait de voir les femmes comme un bloc monolithique est très répandu et déshumanisant. En effaçant les caractéristiques individuelles on gomme aussi ce qui fait de la personne une personne. 

Finalement, il a qualifié mon présumé soucis de poids (transformé en celui de toutes les femmes) de ''compliqué''. Cela a pour effet de trivialiser l'enjeu. Si c'est ''compliqué'', ça ne donne pas trop envie de s'y pencher. Associé au ton de voix, il était clair que mon présumé soucis était superficiel. Cela entre directement dans notre tendance culturelle à discréditer les enjeux associés aux femme ou au féminin. 

Aucun commentaire:

Publier un commentaire