vendredi 19 avril 2013

Pour le 18 avril

Ce matin, une discussion avec mes collègues nous a menées sur le sujet des pédophiles et des agresseurs sexuel. Inévitablement, elles en sont venues à la question des pulsions. Elles exploraient une façon d'empathiser avec les agresseurs en se référant au fait qu'ils ont des pulsions d'agression qu'ils ne peuvent contrôler, et qu'ils en souffrent aussi.

J'ai rapidement mis un holà à cette tangente en clarifiant que les agressions à caractère sexuel ne sont jamais des pertes de contrôle dues à des pulsions trop fortes, mais bien des prises de contrôle obtenues via la sexualité. Comme sexologue, je me suis spécialisée et je possède une expertise dans le domaine, je sais de quoi je parle. Pourtant, elles ont insisté. Non, non, les pédophiles ont des pulsions.

Répondez-moi sur ceci: si ce sont des pulsions incontrôlables, pourquoi n'y a-t-il pas plus d'agressions sexuelles en public? Comment se fait-il qu'elles sont, avantageusement pour les agresseurs, commises loin des regards et des jugements? S'ils en souffrent aussi et qu'ils empathisent pour leurs victimes, pourquoi ne vont-ils pas chercher de l'aide avant de se faire attraper? Pourquoi toutes les thérapies existantes basées sur la notion de perte de contrôle sont-elles inefficaces?

Parce qu'on ne veut pas accepter que notre société est remplie de gens qui commettent ces actes horribles en toute connaissance de cause. On se met la tête dans le sable et on se cache derrière les pulsions. 

La conception des agressions et des agresseurs comme étant incontrôlables est problématique à plusieurs niveaux.

D'abord, elle déresponsabilise les agresseurs de leur geste. Indirectement, elle responsabilise les victimes. Nous n'aimons pas les problèmes sans responsable. Et puisque ce ne sont pas les agresseurs, ce sont forcément les victimes.

Puis, elle lie les mains de la société. Si c'est une pulsion incontrôlable, il n'y a pas de solution. 

Finalement, elle nie un problème grave et répandu, les inégalités et les enjeux de pouvoir s'exprimant par les agressions à caractère sexuel.

En quoi tout cela s'inscrit dans le cadre de mon blog? Parce que les agressions à caractère sexuel sont un résultat direct des enjeux de pouvoir femme-homme dans notre société. Les sociétés plus égalitaires font face à moins de cas d'agressions à caractère sexuel. Les agresseurs sont encore principalement des hommes à environ 80% à 95% selon les études, et les victimes, des personnes vulnérables ou vues comme vulnérables: femmes, adolescentEs, enfants, personnes handicapées, immigrantEs. 

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