samedi 31 août 2013

Bébé surprise

Un collègue me parlait de la femme qu'il fréquentait et mentionne à un moment donné:

- J'espère qu'elle me fera pas un bébé dans le dos.

Et moi de répondre:

- Ben si tu veux pas de bébé, tu sais ce que t'as à faire. On peut pas te ''faire un bébé dans le dos''. T'as des options.

- Ah ouais, mais ça me fais chier les capotes.

Alors cet homme ne veut pas d'enfant, ne veut pas utiliser un moyen de contraception sur lequel il a du pouvoir et responsabiliserait sa partenaire d'une grossesse éventuelle.

Une femme peut effectivement mentir sur la contraception qu'elle utilise ou pas et cette dynamique est malsaine. Cela ne fait pas d'elle la seule et unique responsable d'une grossesse éventuelle.

D'abord, je souhaite refléter à tout homme qui est dans une relation dans laquelle il sent qu'il ne peut avoir confiance en sa partenaire sur un sujet aussi important que la contraception qu'il me semble qu'il y a quelquechose de malsain dans la relation et cela devrait être adressé.

Deuxièmement, les hommes ont aussi des choix contraceptifs sur lesquels ils ont du pouvoir: le condom, ne pas pratiquer la pénétration vaginale, proposer des méthodes barrières qu'il peut aider à mettre en place comme les éponges spermicides, le diamphragme ou le condom féminin.

Le concept de ''faire des bébés dans le dos'' est intrinsèquement sexiste puisqu'il responsabilise les femmes des grossesses malgré que les hommes aient aussi des connaissances et du pouvoir sur leur contraception.

S'ils préfèrent ne pas utiliser de condom, ne pas assiter à la mise en place de la contraception et pratiquer tout de même la pénétration vaginale, il s'agit d'un choix fait en toute connaissance de cause et pour lequel ils sont tout aussi responsables que les femmes.

Les femmes sont sur-responsabilisées lorsqu'il est question de la grossesse et des soins apportés aux enfants. Le commentaire de mon collègue représente bien cette culture. 

jeudi 29 août 2013

Mon patron (partie3)

Afin de bien comprendre cette entrée, lire  les entrées précédentes à ce sujet est nécessaire.



Nous avons engagé de nouvelles employées récemment. Tel que je le craignais et fidèle àses habitudes, mon patron a commencé à parler de sexualité en leur présence. Il commence  habituellement ainsi pour ensuite escalader à des commentaires plus personnels.

Récemment, alors qu'il parlait de sexe à une des nouvelles (qui souriaint jaune, soit-dit en passant) il dit:

- ...je parle de sexe pis après ça je me fais ramasser par elle (en me pointant). Faut que je fasse attention, hahahahaha.

Il a donc recommencé son manège de harcèlement sexuel en vers les nouvelles et de harcèlement psychologique à mon endroit. Il fait référence aux limites que j'ai mises de façon légère et humoristique. Il ridiculise ainsi les conséquences de ses actions, la détresse psychologique que je vis et les moyens que je tente de prendre pour remédier à la situation.

Ce comportement s'inscrit dans la dynamique sociale des agressions à caractère sexuel et de la violence envers les femmes, principalement commises par des hommes envers des femmes et des enfants.

La drague

Lors d'une discussion sur la drague avec une collègue, elle m'explique sa théorie sur pourquoi les hommes draguent moins qu'avant:

- Je crois que parfois aussi ils en ont marre de se prendre des vents (comprendre se faire dire non)

Il est de croyance commune que lorsqu'un homme aborde une femme, celle-ci lui doit une réponse positive, indépendemment de son propre intérêt ou sa disponibilité. 

Cette croyance démontre bien l'entitelment des hommes envers les femmes et il en découle, entre autre, une dynamique de violence envers les femmes. Nous sommes nombreuses à nous être fait traiter de frigide, coincée, féministe frustrée, mal baisée, salope, etc suite à une absence de réponse ou à une réponse négative à des avances. Cette dynamique alimente la menace que représente le monde extérieur pour les femmes et contribue donc au contrôle social des femmes. Certaines femmes de mon entourage limitent délibérément leurs sorties afin d'éviter le harcèlement et ses conséquences.

On verrais bien mal cette même croyance appliquée à une dynamique relationelle amicale, de quémandeur à passantE ou de commerce.

mardi 27 août 2013

Nice

Aujourd'hui pendant mon jogging, un homme dans une voiture m'a dévisagée de la tête aux pieds avec un regard concupiscent avant de lâcher un Nnniiicceeee,  tout aussi concupiscent et narquois, d'approbation de ce qu'il voyait.

Ce type de harcèlement public à caractère sexuel est un des éléments qui contribue au contrôle social des femmes. Nous régissons nos sorties afin de ne pas avoir à faire face à ce type de comportement. Ce type de comportement alimente un climat de peur pour les femmes seules dans la rue. Ce genre de comportement nous décourage de nous montrer à l'extérieur seules, de pratiquer des sports, de porter certains types de vêtements.

Son attitude renvoie à l'objectification constante des femmes. Il ne m'a pas envoyé un sourire d'encouragement et ne pas m'a pas exprimé son admiration pour l'effort que je déployais (ni n'importe qui d'autre d'ailleurs). Il m'a exprimé son approbation de mon apparence physique dans une perspective sexuée.

Son commentaire renvoie aussi à l'autorité auto-proclamée des hommes pour ce qui est de l'établissement des critères de beauté.

2 filles en camping - Partie 3 de 3

Pour que l'expérience Camping soit complète, il faut un feu de camp.

Pour faire un bon feu de camp, il faut du bon bois.

Il est interdit cueillir le bois de la forêt dans les parcs de la SÉPAQ, mais heureusement, on peut le leur acheter à prix (pas vraiment) modique. On paie à la caisse et on se dirige ensuite vers l'arrière-boutique pour prendre un sac en tissu et le remplir le plus possible de bon bois de feu. Ce que je fis.

L'homme qui était à la caisse est sorti à ma suite afin de m'expliquer comment bien remplir mon sac de bois. Il faut mettre les bûches debout, pas couchées. Il faut bien taper le sac par terre pour que les bûches se placent pour faire plus de place.

Jusque là tout va bien. Ses conseils sont plutôt bons et m'aident réellement à obtenir plus de bois. C'est lorsqu'il a prit sur lui de s'accaparer mon sac et de le remplir lui-même que j'ai déchanté. Il s'est dirigé vers moi, m'a pris le sac des mains et s'est mit à le rempir. Il ne m'a pas demandé mon avis, n'a pas eu un second regard pour moi.

Je l'écoutais bien, ses trucs fonctionnaient. Je ne présentais aucune difficulté à remplir mon sac de bois ni n'ai exprimé aucun signe, verbal ou non, qui pourrait laisser croire que j'avais besoin qu'il vienne remplir mon sac à ma place.

Il s'agit d'un autre bel exemple d'un homme qui tente de régler un problème (ici inexistant) pour une femme sans qu'elle lui aie demandé. Je répète que cette tendance est répandue et brime l'autonomie d'action. En plus d'alimenter  la perception sociale voulant que les hommes sont plus en mesure de régler les problèmes de tout le monde que les femmes.

lundi 26 août 2013

2 filles en camping - Partie 2 de 3

Ce weekend en camping,  mon amie et moi prenions notre thé d'après repas sur notre site lorsqu'un garde-chasse s'est avancé sur notre terrain.

- Vous avez peur, là hein? dit-il en s'avancant vers nous.
- Heu, bonjour. de dire ma copine
- Ben, on a rien à craindre, on a rien à se reprocher. que je rétorque.
- Ha ben c'est bon ça. C'est juste vous deux?
- Oui.
- Deux filles toutes seules, pas d'Alpha Mâle?
- Heu...non...?
- Hahaha.
-?????

Déjà vu. Un autre qui est surpris de trouver deux filles (femmes) toutes seules en camping.

Mais lui il ajoute en plus que l'homme (mâle) potentiel qui serait avec nous serait l'alpha (dominant). Parce que dans un groupe mixte, l'homme (mâle) est automatiquement le dominant. Sans lui, aucun leadership n'est exercé et les membres du groupe sont perduEs.

Je souligne son utilisation du terme mâle, car il est parlant, selon moi. Je crois que l'une des raisons pour laquelle on peine à accepter l'idée de deux femmes seules en camping est que pour beaucoup, on voit dans le camping une espèce de retour aux sources primitives de l'humain et que dans cette vision, on identifie l'homme (ici le mâle) comme l'élément dominant. Vision qui n'est pas nécessairement représentative de la réalité, soit dit en passant.

2 filles en camping - Partie 1 de 3

Le weekend dernier je suis allée en camping avec une amie. La veille de notre départ, elle en parlait avec un copain à elle qui s'est exclamé:

- Deux filles en camping!? Juste vous deux?!

En quoi est-il surprenant que deux filles (femmes) veuillent aller passer un weekend en camping? Comme si une femme ne peut avoir par elle-même de l'intérêt pour le camping. Encore moins que deux femmes comme ça existent, se rencontrent et décident de mettre en application cette aberration de la nature qu'elles sont. 

Dans l'esprit de cet homme, l'intérêt d'une femme pour le camping doit absolument s'insicrire à l'intérieur d'un rapport avec un (des, les) homme. Son intérêt personnel n'est pas légimitme.

Cette façon de penser est répendue dans beaucoup de domaines: sciences pures, motocyclette, bandes-dessinées, science informatique, science fiction, monde fantastique, jeux vidéo et j'en passe.

Cela contribue au manque de crédibilité que l'on donne aux femmes qui sont actives dans ces domaines, ainsi qu'au sentiment de ne pas êtres les bienvenues que plusieurs d'entre nous ressentent. Au bout de la ligne, moins de femmes que d'hommes se dirigent dans ces domaines, entre autre car elles ne s'y sentent pas confortable ni appréciées.

vendredi 23 août 2013

Un home ça pleure aussi?

Un client aujourd'hui a exprimé son inconfort à pleurer du fait qu'il est un homme.

Cela peut vouloir dire au moins deux choses.

  • Il n'est pas à l'aise de pleurer devant une femme parce qu'il est un homme. Pourquoi cela le rendrait-il mal à l'aise? C'est humiliant. Pourquoi? Parce que ce serait montrer de la faiblesse devant un être inférieur? Cela le rabaisserait donc en dessous du statut de femme et il ne peut s'y résoudre? 
  • Il n'est pas à l'aise de pleurer devant qui que ce soit (même lui-même) parce que c'est un homme. Pourquoi? Parce qu'il a apprit que les hommes ne sont pas supposés pleurer. Pourquoi? Parce que cela signifie de démontrer de la vulnérabilité, donc, de la faiblesse.
C'est un bel exemple de comment le système patriarcal nuit aussi aux hommes. 

L'expression d'émotions a été associé à la faiblesse, aux femmes, indigne des hommes. Cela a pour effet d'invalider et de discréditer le féminin et d'handicaper les hommes émotionnellement, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses.

Lorsque l'on reconnaît une émotion chez un homme, c'est habituellement une émotion qui renforce le stéréotype patriarcal et justifie la violence: colère, frustration, irritabilité, agressivité, etc.

jeudi 22 août 2013

Qui prend la fille?

Avant de commencer mon entrée, je suis heureuse d'annoncer que les jours précédents ont été les jours 3-4-5-6 sans événement sexiste.

Aujourd'hui je discutais avec un client des obstacles possibles qu'il pourrait vivre durant sa nouvelle colocation. Comme problème potentiel, il a identifié le suivant.

- Mon coloc et moi on est tous les deux célibataires alors si on invite une fille, qui va l'avoir? C'est un des problèmes que je vois. Qui va avoir la fille.

Ai-je vraiment besoin de pousser mon analyse en profondeur? 

La ''fille'' (mineure ou femme infantilisée? problématique dans tous les cas) n'a pas son mot à dire. Qu'elle souhaite ou pas avoir une relation, quelle qu'elle, soit avec un ou l'autre n'est pas considéré. Elle est complètement objectifiée, déshumanisée, sans agence, sans importance.

samedi 17 août 2013

Comment obtenir du sexe en 3 étapes

Une collègue m'a raporté une conversation qu'elle a eu avec une connaissance concernant la séduction.

Il lui a expliqué, à elle et sa conjointe, ce que les femmes recherchaient relationnellement et sexuellement. Il leur a expliqué comment manipuler une situation et une femme afin d'en arriver à une relation sexuelle avec elle.

Ainsi, il se positionnait devant deux femmes comme un expert de ce que les femmes veulent. C'est un premier élément problématique.

Le plus inquiétant est son approche de la sexualité avec les femmes. Il voit la sexualité comme quelque chose auqel il a droit et qu'il obtient d'une femme. Pas comme une action qu'il partage avec une femme. Cette vision très répandue est à la base de la culture du viol et ses conséquences négatives sont nombreuses.

Elle valide le sentiment de droit qu'ont certains hommes envers la sexualité avec les femmes ainsi qu'une vision romantisée des agressions sexuelles. Elle justifie l'utilisation de stratégies manipulatrice et insidieuses afin d'en arriver à ses fins. 

Pour n'en nommer que quelques unes.




vendredi 16 août 2013

Compliquées

Hier au travail un résident m'a offert d'un dessert qu'il avait acheté pour tout le monde. J'ai refusé en expliquant que je n'étais pas friande de sucré en général. Voici l'échange qui suivit. 

- Ah les femmes, toujours compliqué pour ces affaires là.
- Je vais t'avouer que je vois mal le lien entre mes goûts alimentaires et mon sexe biologique.
- Ben, tu comprends ce que je veux dire, là.
- Heu, non, non, je ne comprends pas.
- Ben les gars on fait pas attention à ces affaires là.
- Vous faîtes pas attention à vos goûts?
- Hein?
- J'ai dis que je n'aime pas le sucré, pas que je faisais attention à ce que je mangeais.
- Ah, ok, ouin.

D'abord, il a interprété mon refus comme étant motivé par un soucis de poids (ou de santé...mais j'en doute, vu notre contexte de société). Pourtant, mon explication avait été très claire. Soit il ne m'a pas écoutée, soit le lien entre le poids et l'alimentation des femmes est si encré qu'on interprète tout élément en lien avec la nourriture avec cette lunette. Dans tous les cas c'est problématique.

Puis, il a rapidement généralisé ma réponse individuelle à toutes les femmes. Le fait de voir les femmes comme un bloc monolithique est très répandu et déshumanisant. En effaçant les caractéristiques individuelles on gomme aussi ce qui fait de la personne une personne. 

Finalement, il a qualifié mon présumé soucis de poids (transformé en celui de toutes les femmes) de ''compliqué''. Cela a pour effet de trivialiser l'enjeu. Si c'est ''compliqué'', ça ne donne pas trop envie de s'y pencher. Associé au ton de voix, il était clair que mon présumé soucis était superficiel. Cela entre directement dans notre tendance culturelle à discréditer les enjeux associés aux femme ou au féminin. 

jeudi 15 août 2013

Violence

Des femmes de mon entourage ont été victimes d'agression sexuelle dans un lieu public récemment. 

Je ne sais pas trop par quel angle attaquer cet événement. Il s'agissait oui d'un acte mysogine, mais dans leur cas, aussi d'un acte lesbophobe.

Les agressions sexuelles sont une prise de pouvoir commise principalement par des hommes envers des femmes et des enfants. Les pays où les  rapports de genre sont plus égalitaires ont un taux d'agression sexuelle moins élevé. Le lien est direct.

mercredi 14 août 2013

Femme de ménage

Une de mes copines et son conjoint ont engagé une femme de ménage.

Elle ne cesse de se faire dire qu'elle le mérite bien, que ça va lui faire du bien.

De deux choses l'une: soit on présume à tort qu'elle est la principale responsable du ménage, soit on présume à raison qu'elle est l'unique responsable du ménage. 

Dans les deux cas, les présomptions sont axées sur le fait que le ménage est perçu principalement comme la responsabilité de la femme du couple (hétérosexuel). 

Je fais le triste constat que les choses n'ont pas tant changé depuis quelques dizaines d'années.

mardi 13 août 2013

Ça va aller?

J'essaie d'avoir des habitudes vertes. Ainsi, lorsque je fais mon épicerie, je transporte mes achats dans mon sac à dos. Aujourd'hui ne faisait pas exception. Alors que je m'apprêtais à mettre mon sac sur mes épaules, l'homme qui me suivait à la caisse m'a demandé si j'allais être correcte.

Mon ex-conjoint était responsable de faire l'épicerie. Il transportait aussi les achats dans un sac à dos. Lui utilisait un gros sac de voyage, moi j'utilise un petit sac ordinaire. Pendant toutes les années qu'il a fait l'épicerie avec son sac à dos, il ne s'est jamais fait offrir de l'aide ou demander s'il allait être correcte.

On présume que les femmes sont moins capables physiquement, c'est ce qui explique qu'on se fait offrir de l'aide constemment et les hommes pratiquement jamais. Malgré que les courbes de normalité de fore physique se superposent à 80%. 

Encore une fois, le problème ne se situe pas dans l'offre d'aide en elle-même, mais dans les proportions. 

Une autre façon dont cette disparité se pertpétue est en refusant (ou acceptant) systématiquement les offres d'aide. Par exemple, j'offre presque toujours de l'aide lorsque je vois des gens avec des poussettes dans le métro, des sacs lourds, même des déménagements. Je suis forte, je possède un bon contrôle musculaire et de bonnes techniques d'effort. Jamais un homme n'a accepté l'aide que j'ai offerte.

lundi 12 août 2013

Chicanes de filles (Deuxième partie)

Je vous invite d'abord à lire l'entrée précédente afin de connaître le contexte de cette entrée-ci. 


La solution que ma copine proposait afin d'atténuer les ''chicanes de filles'': engager un homme.

Ne vous méprenez pas, je ne suis pas contre l'idée qu'elle engage un homme, ni de favoriser une représentation plus égalitaire des genres dans tous les milieux. Ce qui me dérange, c'est que l'arrivée d'un homme dans un groupe de femmes soit vu comme étant une solution à un problème. 

Tel que mentionné dans ma première entrée (Féminismes Quotidiens : La fuite de la matière grise), les hommes sont sur-représentés dans les solutions apportées aux problèmes des femmes. On n'attribue pas aux femmes comme caractéristique la capacité de régler leurs difficultés par elles-mêmes et entre elles-mêmes. 

Cette dynamique sociale maintient les femmes dans une position dépendante et subordonnée. Leur bien être dépend d'un homme qui viendra régler leurs problèmes. Elles peuvent bien être intelligentes et compétentes, mais ultimement jamais autant que l'homme qui, lui, possède par sa seule existence la solution/résolution qu'elles sont incapable d'atteindre par elles-même. 

dimanche 11 août 2013

Chicanes de filles (première partie)

Commentaire d'une copine référant à l'ambiance de conflit dans son milieu de travail:

Les chicanes de filles, là. Dit sur un ton méprisant, en roulant des yeux et en balayant l'air de la main. 

Le message: les dites ''chicanes de filles'' sont triviales et méprisables. 

Son commentaire, principalement le non verbal associé, représente bien la vision de la société des tensions entre femmes. Les conflits impliquant uniquement des femmes et les enjeux spécifiquement féminins sont habituellement perçus comme superficiels et indignes d'attention et de dépense d'énergie.

On n'accorde pas de crédibilité aux tensions entre femmes. Ainsi, on ne prend habituellement pas le temps de se pencher sur les origines de ces tensions. Dans ce cas-ci: changement dans la direction de l'entreprise, arrivée de nouvelles employées, départs d'employées, sentiment d'insécurité au travail et face à l'avenir. 

Cette réalité a différentes conséquences à différents niveaux. D'abord, on appuie le message social selon lequel les enjeux des femmes et concernant les femmes sont de moindre importance. Ensuite, le conflit peut possiblement être résorbé puisque les femmes ont la capacité de négocier, de communiquer et de résoudre des conflits. Mais il se peut aussi qu'à force de ne pas adresser la source du problème, on laisse une situation problématique s'envenimer  inutilement. 

samedi 10 août 2013

Une affaire de gars

L'autre jour, pendant une période tranquille au travail, je suis allée voir ce à quoi mes collègues de l'autre équipe s'occupaient. Arrivée dans leur bureau, je les ai vus tous trois à fixer le même ordinateur. Je leur ai demandé  ce qu'ils faisaient.

Des affaires de gars, m'ont-ils répondu. 

Je vous invite à aller lire ma dernière entrée pour une explication plus en profondeur. Féminismes Quotidiens : Bottes

Au delà de ça, leur réponse vague et expéditive passait un message clair: mon exclusion. D'abord, ils ont maintenue obscure leur activité, ce qui me pousse à comprendre qu'ils ne voulaient pas que je sache ce qu'ils faisaient. Puis, ils ont enfoncé le clou en me disant que c'était une affaire de gars. Donc pas de mes affaires. 

Ce genre d'attitude de boys club contribue à l'exclusion et à l'auto-exclusion des femmes des milieux masculins. Je me retrouvais devant le choix de me retirer ou de m'imposer en sachant que je n'était pas la bienvenue et d'en subir les conséquences. Donc devant un non choix. Comme tant d'entre nous devant des groupes-milieux masculins.

vendredi 9 août 2013

Bottes

Pendant mes vacances je me suis acheté une paire de bottes. Des belles Dr. Martens à 14 trous,  rouges. On peut les replier et il y a des motifs floraux à l'intérieur.

Le premier commentaire de mon collègue après ma description: ah, des bottes de fille.

Je sais que le discours ambiant de société sur les rôles de genre tend de plus en plus vers la banalisation et l'acceptation de la séparation des genres. Pourtant je maintiens qu'elle est problématique. 

Ces catégories de rôles genres (qui, il n'y a pas si longtemps confinait les femmes à la maison, dois-je le rappeler) sont nocives pour tout le monde. Tant pour l'adolescente qui voudrait jouer au soccer avec les gars que pour le gars intello qui aime bien les comédies romantiques. Sortir des sentiers battus peut nous coûter la vie.

Combien de garçons ont été assassinés pour avoir ouvertement exprimé leur féminité en publique? Combien de filles violées parce qu'elles aimaient d'autres filles?

Des  commentaires comme celui de mon collègues sont de petites pierres qui construisent cet édifice d'intolérance et de violence. 

Dans ces catégories rigides, les femmes sont perdantes en termes de privilèges associés et accordés au rôle de genre. D'où l'aspect sexiste du commentaire, même si tout le monde en souffre ultimement.

Sans voix

L'autre jour en joggant, un homme en camionnette m'a envoyé des becs par sa fenêtre.

D'abord, je suis mistifiée parce que ça se fait encore. 

Puis, ce genre de harcèlement maintient et contribue au contrôle social des femmes qui évitent certains endroits à certains moment à cause de ce type de comportement.  Ce genre de harcèlement rend l'espace publique désagréable et menaçant. Il laisse planer le risque omniprésent de l'agression sexuelle et contribue à l'objectification des femmes.



mercredi 7 août 2013

3$

Au retour de chez une amie qui habite sur la rive-nord, j'ai réalisé que mes billets de métro citadins n'étaient pas acceptés dans cette ville. Je suis donc allée à la cabine de métro pour acheter un billet. Je me suis informée du prix. Le commis m'a dit que c'était 3$. Je sortais les sous de mon porte monnaie lorsque son collègue a dit quelque chose que je n'ai pas compris. Je les ai donc regardé avec un sourire et un regard interrogateur. Le commis m'a répété le propos de son colègue.

Pour les belles filles c'est trois dollars.

Ah, donc les laides (selon qui?) doivent payer plus cher (pour compenser?). Ou moins cher (parce qu'elles font pitié?).

S'il voulait me dire qu'il me trouvait belle, il aurait pu me le dire directement.

S'il voulait renforcer la cuture qui valorise les femmes seulement selon leur apparence, c'est réussi. 

Le problème est situé dans le fait que 9 fois sur 10 que je me fais complimenter, c'est sur mon apparence. Il faut un équilibre. Autrement, on enregistre que notre apparence est la chose la plus importante de nous. Et ça ne construit pas une identité très solide et ne valorise pas ce qui constitue l'essence d'une personne.

J'ajouterais que je me suis souvent fais dire que je recevais un privilège, souvent financier et que je navais pas demandé, en raison de mon apparence, que je n'avais pas proposé en échange de quoi que ce soit. Ok, je te le fais à ce prix là parce que tes yeux me font de l'effet.  Non merci, alors. J'ai négocié bec et ongles et je veux que ce soit reconnu. Cette attitde renforce une culture d'exploitation du corps des femmes.

À ce jour, je ne me suis jamais fais dire: pour les femmes confiantes, c'est 3$.

mardi 6 août 2013

Moi veux, moi prends

Je payais mes achats dans un commerce lorsque le caisser a agrippé mon bras droit, l'a tiré vers lui,  lui a fait faire une torsion vers l'extérieur et a observé l'intérieur de mon avant bras.

Il avait apperçu mon tatouage et voulais voir si c'était ce qu'il croyait. 

J'ai souvent subi ce genre d'appropriation de mon corps par des étrangers. Que ce soit pour observer mes tatouages, percages, vêtements, je me suis souvent faite toucher, caresser, agrippée, tenir, tourner, sans me faire demander mon avis ou mon consentement. Les quelques fois ou j'ai protesté, je me suis habituellement fait servir un discours à l'effet que j'étais trop sensible et tendue.

J'imagine mal le caisser faire subir le même traitement à un homme. Je l'imagine mal parce que les hommes ne s'approprient pas ainsi le corps d'autres hommes dans notre société. On trouverait cela complètement déplacé, bizarre. Par contre l'appropriation du corps des femmes est si banalisée que de la contester devient l'anomalie.

Cette culture renvoie aux femmes le message que les hommes ont effectivement des droits sur nos corps, que notre désir d'être touchée ou pas est moins important que le désir de l'autre de nous toucher. Encore une fois, nous sommes de moindre importance.

Changez de disque

Tu a l'air bien, tu as perdu du poids?

Ce que je me suis fais dire par une amie que je n'avais pas vue depuis deux mois. 

J'ai déjà expliqué en quoi nous vivons dans une société qui exerce une pression malsaine sur les femmes en ce qui concerne leur apparence, spécialement le poids. Chaque nouvelle entrée à ce sujet représente la pression due à la répétition constante du discours.

dimanche 4 août 2013

Espace temps

J'étais avec un copain hier soir et à un certain moment j'ai mentionné un documentaire. J'allais y aller d'une analyse personnelle lorsqu'il a commencé à monologuer, emporté par le sujet. Il a pris conscience de mon regard un peu frustré.

- Oh, désolé, je t'ai coupé la parole?
- Non, non. Mais je réalise que moi aussi j'ai beaucoup de choses à dire sur plein de sujets, mais que j'ai rarement l'occasion de le faire en ta présence, parce que tu le fais avant moi

Cela est vrai pour la plupart des interactions femme-homme. Les hommes apprennent à prendre la place et sont sous l'impression qu'elle leur appartient et que si les autres en veulent, ils-elles n'ont qu'à la prendre. De leur côté les femmes apprenent plutôt à faire de la place aux autres et à évaluer leur besoins d'espace comme moins important. Résultat: nous avons moins d'espace de parole dans les groupes mixtes et nos opinions sont moins prises au sérieux.

Cette réalité nous renvoie le message que les besoins, paroles, opinions des femmes sont, en effet, moins importants.

J'ai déjà fais une entrée à ce sujet. Évidemment, je vais me répéter dans la prochaine année, puisque ma réalité est la même de jour en jour. La répétition est une des composantes importante du système sexiste.

Pôv' 'tite Mme

À mon retour de jogging récemment, un homme a remarqué le brassard que je portais au genou et y est allé du commentaire suivant:

Hon, pôv' 'ti genou!

Commentaire extrêment infantilisant malgré sa nature empathique.

Si je prends le même contexte mais que je me remplace par un homme, le ton et le commentaire apparaîssent tout d'un coup particuliers, bizarres voire déplacés. Cela démontre bien le double standard dans le discours selon que l'on s'adresse à une femme ou un homme. Les femmes sont souvent infantilisées ainsi et nous vivons dans une culture qui valorise l'infantilisation des femmes. 

Par exemple, on utilise des termes d'âge immatures (fille, jeune femme, gars, jeune homme) beaucoup plus tard chez les femme que chez les hommes. On utilise le terme petit pour désigner les choses chez les femmes et non chez les hommes. En effet, il semble assez commun de dire elle est belle ta petite robe, alors qu'on n'imaginerait jamais dire elle est belle ta petite cravate. De plus, on associe beaucoup les intérêts typiquement féminins aux intérêts infantiles: petits gâteaux, magasinage, maquillage, couleurs pâles, films d'amour et j'en passe.

Cette infantilisation des femmes contribue au maintient d'attitudes paternalistes qui briment l'autonomie des femmes et à une vision moins sérieuse et crédible des femmes, de leurs compétences et de leurs contributions possibles à notre société.





vendredi 2 août 2013

Femme au volant

Sur mon Facebook aujourd'hui:

Un collègue a publié une photo qu'il considérait humoristique. On y voit deux enfants dans une petite voiture jouet. Une fillette conduit, sourire aux lèvres, et un garçon est passager, l'air incertain. La phrase sous l'image: ''le regard de tous les hommes lorsque leur femme conduit la voiture''. Je passe outre le fait que statistiquement les femmes sont plus sécuritaires au volant et sont responsables de moins d'accidents.

Ce stéréotype négatif des femmes est très répandu. Moi même lorsque j'ai passé mon examen de conduite j'ai ressenti la pression d'être femme en me disant que si j'échouais, j'allais alimenter ce stéréotype. J'ai connu plusieurs femmes ayant la même crainte. C'est un stéréotype nuisible. 

De plus, la croyance en les compétances influence les résultats. Ainsi, si l'on maintient ce discours, les femmes vont l'intérioriser et effectivement conduire moins bien qu'elles le pourraient réellement.

Pour le 1er Août

Message reçu dans ma boîte courriel de mon site de rencontre: je t'avais envoyé un message il y a quelque temps et je t'en envoie un autre. ... Je sais que je n'entre pas dans les critères que tu as sélectionnés mais...

Celui-ci ne se contente pas de, en toute connaissance de cause, m'écrire malgré qu'il n'entre pas dans mes critères, mais en plus il me relance suite à mon absence de réponse. 

Il n'est pas le seul. Il n'est pas rare que les hommes à qui je ne réponds pas me réécrivent. Parfois même expriment une frustration de ne pas avoir eu de réponse, parfois même m'insultent. Si je nai pas répondu je suis forcément frustrée, coincée, fermée. Il semble impossible que je sois une femme normale et que je refuse d'entrer en contact avec eux. 

Dois-je réitérer que l'insistance devant le refus démontre un flagrant manque de respect des limites de l'autre? 

À leur défense: nous sommes constemment exposéEs à des modèles sociaux qui encouragent l'insistance des hommes dans les rapports romantiques. L'idée de courtiser une femme réticente jusqu'à qu'elle réalise à quel point il est charmant est la base de nombreux films hollywoodiens. Le harcèlement et l'insistance sont souvent présentés comme romantiques, non pas problématiques (la série Twilight affectionnée par tant de jeunes est un bon exemple). Même dans la sexualité. L'idée d'insister devant un refus est monnaie courante dans l'industrie de la musique, entre autres.

Il reste qu'il nous appartient, individuellement et comme société, de déconstruire  nos conditionnements sociaux problématiques et de s'assurer d'agir de façon à nous respecter les unEs les autres.