vendredi 19 avril 2013

S'il t'aime

Aperçu d'une conversation entendue au restaurant hier soir:

J'ai lu un livre sur les différentes façon de s'exprimer. C'était très intéressant. Comme s'exprimer par des actions. Par exemple, si ton chum fait le ménage, c'est une démonstration qu'il t'aime. Ou s'exprimer par des paroles. S'il te dit que tu es belle, qu'il te fait des compliments, il t'aime.

Mon conjoint et moi n'avons pu tolérer de finir d'écouter la conversation. 

S'il fait le ménage, c'est une démonstration qu'il  t'aime. Cela nous réfère encore une fois à l'idée que les tâches ménagères sont à la base la responsabilité de la femme et que la participation de l'homme est un événement exceptionnel. Il aide, il aime, il est un bon conjoint. Nous n'avons pas encore intériorisé l'idée qu'il autant du ressort des hommes d'accomplir des tâches ménagères. 

S'il te dit que tu es belle, qu'il te fait des compliments, il t'aime. Beaucoup d'hommes sont amoureux de moi, alors. On porte tant d'importance à l'apparence des femmes que de la souligner devient une preuve d'amour. Je vois mal le principe inverse. Si ta blonde te dis que tu es beau, c'est q'elle te dit en fait qu'elle t'aime. Ça ne serait pas pris au sérieux. Avec raison d'ailleurs.

Bien sûr que de faire des choses pour l'autre, le-la complimenter font partie des signes d'affection qui nourrissent une relation et l'amour. C'est de faire l'équation directe qui est problématique et qui participe à une acceptation des femmes des inégalités au sein de leur couple et nourrit les privilèges des hommes. 

Pour le 18 avril

Ce matin, une discussion avec mes collègues nous a menées sur le sujet des pédophiles et des agresseurs sexuel. Inévitablement, elles en sont venues à la question des pulsions. Elles exploraient une façon d'empathiser avec les agresseurs en se référant au fait qu'ils ont des pulsions d'agression qu'ils ne peuvent contrôler, et qu'ils en souffrent aussi.

J'ai rapidement mis un holà à cette tangente en clarifiant que les agressions à caractère sexuel ne sont jamais des pertes de contrôle dues à des pulsions trop fortes, mais bien des prises de contrôle obtenues via la sexualité. Comme sexologue, je me suis spécialisée et je possède une expertise dans le domaine, je sais de quoi je parle. Pourtant, elles ont insisté. Non, non, les pédophiles ont des pulsions.

Répondez-moi sur ceci: si ce sont des pulsions incontrôlables, pourquoi n'y a-t-il pas plus d'agressions sexuelles en public? Comment se fait-il qu'elles sont, avantageusement pour les agresseurs, commises loin des regards et des jugements? S'ils en souffrent aussi et qu'ils empathisent pour leurs victimes, pourquoi ne vont-ils pas chercher de l'aide avant de se faire attraper? Pourquoi toutes les thérapies existantes basées sur la notion de perte de contrôle sont-elles inefficaces?

Parce qu'on ne veut pas accepter que notre société est remplie de gens qui commettent ces actes horribles en toute connaissance de cause. On se met la tête dans le sable et on se cache derrière les pulsions. 

La conception des agressions et des agresseurs comme étant incontrôlables est problématique à plusieurs niveaux.

D'abord, elle déresponsabilise les agresseurs de leur geste. Indirectement, elle responsabilise les victimes. Nous n'aimons pas les problèmes sans responsable. Et puisque ce ne sont pas les agresseurs, ce sont forcément les victimes.

Puis, elle lie les mains de la société. Si c'est une pulsion incontrôlable, il n'y a pas de solution. 

Finalement, elle nie un problème grave et répandu, les inégalités et les enjeux de pouvoir s'exprimant par les agressions à caractère sexuel.

En quoi tout cela s'inscrit dans le cadre de mon blog? Parce que les agressions à caractère sexuel sont un résultat direct des enjeux de pouvoir femme-homme dans notre société. Les sociétés plus égalitaires font face à moins de cas d'agressions à caractère sexuel. Les agresseurs sont encore principalement des hommes à environ 80% à 95% selon les études, et les victimes, des personnes vulnérables ou vues comme vulnérables: femmes, adolescentEs, enfants, personnes handicapées, immigrantEs. 

jeudi 18 avril 2013

Pour le 17 avril

J'étais dans les escaliers au travail lorsqu'un collègue qui me suivait m'a lancé:

Ces escaliers là me donnent tout le temps le goût de donner des tapes sur les fesses.

Ce à quoi je n'ai rien su répondre, tétanisée que j'étais par la peur qu'il transpose ses paroles en action. Ce qu'il n'a pas fait.

Je  ne sais pas trop par où commencer avec cet événement.

D'abord, par son envie de taper les fesses de ses collègues de travail, de surcroît à chaque fois que l'une d'entre elles est devant lui dans les escaliers. L'action de taper les fesses véhicule,  suppose,  un sentiment de propriété et une prise de pouvoir. Son envie de poser ce geste dénote donc au minimum une envie de se sentir supérieur à ses collègues femmes.

Son désir de nous taper les fesses m'amène aussi à me poser des questions sur sa vision de ses collègues femmes. Nous donne-t-il le crédit mérité? Reconnaît-il notre compétence?

Le fait de me partager cette envie assouvi au moins une partie de son désir, puisque cela suscite en moi de la peur et de la colère et qu'il le sait très bien. Il réussit donc à obtenir un certain pouvoir sur moi en faisant planer la menace de la tape sur les fesses.

J'ai commencé à me faire donner des tapes banal(isé)es sur les fesses petite, par un oncle. Il a été imité par un professeur d'éducation physique, un ex-conjoint à ma mère, des dizaines de clients de restaurants, un patron, des dizaines d'inconnus et de clients de bars. Et je ne suis pas une exception. Faites le sondage auprès des femmes de votre entourage.

La tape sur les fesses et sa menace n'est pas ponctuelle ni banale. C'est en soi un phénomène de société répandu, une prise de pouvoir et une agression. De plus, il alimente la culture d'une société qui banalise à l'extrême les agressions à caractère sexuel. À preuve, peu de gens considèrent raisonnable que j'aie coupé contact avec cet oncle.

mercredi 17 avril 2013

Pour le 16 avril

Lors d'une discussion au sujet du drame qui s'est déroulé à Boston il y a quelques jours, j'ai exprimé mes craintes pour mon frère qui fera le marathon d'Ottawa dans quelques semaines. On m'a répondu sur un ton professoral qu'ils (sous-entendu les personnes qui commentent des actes terroristes) ne re-commettent pas leurs actes dans le même type d'événements. J'ai demandé à la personne si elle avait étudié à Quantico (base de formation pour les futurs agentEs du FBI). Elle m'a répondu par la négative.

J'utilise cette interaction comme exemple parce que, bien que le commentaire de la personne n'était pas sexiste, son attitude est de celles qui alimente les inégalités femme-homme au niveau des communications. 

Les hommes apprennent à considérer leur opinion, peu importe leur niveau de connaissance dans le domaine discuté, comme étant experte, objective et vraie et à l'exprimer ainsi. Les femmes apprennent à considérer leur opinion comme étant probablement non pertinente, subjective et à se remettre en doute. Ces socialisations contribuent à développer une perception biaisée des discours des gens selon leur genre et désavantagent  énormément les femmes. Effectivement, cela leur cause à être moins prises au sérieux lors de discussions de groupe, désavantagées lors d'entrevues professionnelles,  moins confiantes en leurs opinions, leur intelligence et leurs connaissances. Si on ajoute que les croyances en les compétences influence énormément les résultats, on peut allonger la liste des conséquences négatives pour les femmes de ces socialisations. 

La réponse de la personne avait aussi pour effet de nier mon senti. Un autre message qui est régulièrement envoyé aux femmes est que leurs émotions sont frivoles et excessives. Ce genre de réponse alimente aussi cette tendance. 

Pour le 15 avril - Jour 2

Je suis heureuse d'annoncer le jour deux ou je n'ai pas de matériel d'événement sexiste à rapporter dont j'aurais été témoin ou victime.

mardi 16 avril 2013

Pour le 14 avril - Jour 1

Je suis heureuse de souligner la première journée ou je n'ai pas de matériel d'événement sexiste à rapporter dont j'aurais été témoin ou victime.

J'en profite pour faire un petit éditorial sur un phénomène qui m'irrite profondément. 

L'intention. Le chemin de l'enfer est pavé de bonne intentions, dit-on.

Lors de discussions sur des événements problématiques, j'entends souvent l'argument: mais ce n'était pas son intention. Je veux en finir avec la question de l'intention.

1- Ce n'est pas parce que quelqu'un n'admet pas aux autres ou à soi-même qu'il-elle a des préjugés, que son comportement n'est pas problématique qu'il n'a pas de conséquences et que cette personne n'a aucune responsabilité de ses actions.

2- Il nous appartient en tant que privilégiéEs de nous informer sur ce qui pourrait être problématique et de travailler à l'éviter. Il ne suffit pas que je dise que mon intention n'était de blesser lorsque j'ai utilisé le N-word pour me déresponsabiliser de son utilisation et de ses conséquences.

3- Si nous ignorons de bonne foi fois que quelque chose est problématique, il nous appartient comme privilégiéE d'être ouvertEs à entendre lorsqu'on nous refléte qu'une de nos actions est problématique, de corriger le tir et de réparer le mal qui a été fait.

Comme je me suis souvent fais dire dans mon enfance: t'as pas fais exprès, mais t'as pas fais attention non plus (clin d’œil à ma mère).

Pour le 13 avril

J'ai récemment participé à une sortie de groupe où j'ai remarqué chez un couple un phénomène très commun. La femme du couple se faisait constamment reprendre par son copain. Il arrivait qu'elle n'ait pas le temps de terminer une phrase avant de se faire corriger, parfois à plusieurs reprises dans la même phrase. La plupart du temps pour des informations non pertinentes au point central de son histoire. 

Je pense qu'il est normal et naturel de corriger notre partenaire de temps à autres, surtout lorsque l'information change quelque chose à l'issue de l'histoire. Je le fais moi-même assez régulièrement. 

Par contre certaines personnes le font avec une condescendance, voire un mépris, qui semble avoir pour but de diminuer l'autre afin de se valoriser. Et plus souvent qu'autrement, il s'agit des hommes dans la relation qui agissent ainsi.

Cette attitude contribue à maintenir une inégalité au sein du couple puisqu'elle instaure une dynamique où la femme est en faute et l'homme corrige cette faute. Cela contribue aussi au fait que les femmes prennent moins de place lors d'événements de groupe. Effectivement, qui veut prendre le risque de se sentir humiliée en public?

Cette dynamique est très représentative de notre vision du couple, qui est plus développée autour du conflit que de la coopération, ainsi que de nos socialisations genrées.

vendredi 12 avril 2013

Ajout

Un lien intéressant en lien avec mon commentaire sur la représentation des femmes dans les différents médias.

Who Works? Stick Figures, Gender, and Illustrating the Workforce » Sociological Images

Non non, j'insiste

Pendant le changement de quart au travail, on m'a dit que lors de l'arrivée du nouveau résident, on devrait aller porter ses effets dans l'entreposage derrière la maison. 

À son arrivée, le client a déposé son sac par terre et m'a dit qu'il devrait aller le porter à l'entrepôt. Je lui ai répondu que j'allais le mettre dans un sac de plastique, l'identifier à son nom et aller le porter moi-même à l'entreposage, puisque les résidents n'y avaient pas accès. Il a insisté pour aller le porter lui-même, puisque le sac était très lourd. Je lui ai répondu en souriant que c'était correcte, que j'étais très forte. Il a dit ne pas en douter. Avant que je parte pour l'entrepôt, il a réitéré son offre de porter le sac pour moi. 

Sa première offre d'aide occulte mon autorité par rapport aux règles du centre. Elle présume aussi de mon incapacité a porter de lourdes charges. 

Son insistance nie la validité de ma réponse, en plus de souligner sa perception de ma faiblesse. 

Effectivement, peu de temps avant d'insister pour m'aider, il affirmait me croire lorsque je disais être forte. De deux choses l'une. Soit il m'a menti ouvertement et ne croit pas que je suis forte, ce qui me questionne sur les raisons de son mensonge. Soit il croit en ma perception de ma force mais croit cette perception fausse. D'une façon où d'une autre, en ce qui me concerne, il croit plus en sa vision de moi qu'en ma vision de moi. 

Sa deuxième insistance multiplie les éléments sus-mentionnés. 

Cette attitude infantilisante et qui brime l'autonomie est malheureusement pratique courante lorsqu'on parle de la force physique des femmes.

J'ai déjà abordé le sujet, je ne me répéterai pas, mais je vous invite à aller lire l'entrée intitulée Charges Lourdes

jeudi 11 avril 2013

Faggot

Faggot. Tapette, en français. 

C'est ce dont s'est fait traiter mon conjoint au travail par un de ses collègues. Pourquoi?  Parce qu'il porte des parfums de femme et se rase les jambes. Entre autres.

Certains diront qu'il s'agit là d'homophobie. C'est vrai. Mais c'est aussi du sexisme. 

Ce qui dérange son collègue, c'est qu'il fasse des choses de femme. Cela est si indigne d'un homme qu'il devient alors une tapette. Ce même collègue lui a aussi dit qu'il n'était pas un vrai homme, pour les mêmes raisons d'ailleurs. 

mercredi 10 avril 2013

La boxe

J'aime beaucoup la boxe. Je l'ai pratiquée à différents stades de ma vie et j'aime la regarder aussi. Pour mon anniversaire cette année, on m'offre des billets pour aller voir un combat de boxe qui sera probablement mémorable. Je fais l'envie de plusieurs collègues de travail d'ailleurs. 

Aujourd'hui on m'a amené au travail un article de journal concernant ce fameux combat. Après avoir lu l'article, je l'ai commenté avec la personne me l'ayant amené. Il a clos la conversation en disant: la boxe, c'est un sport de gars. D'abord, à aucun moment la conversation n'avait mené là de près ou de loin. Nous échangions tout simplement sur les habiletés des boxeurs et l'issue possible du combat en fonction de leurs forces et faiblesses respectives. De plus, il ne réalisait pas qu'il avait au moment même une conversation avec une femme amateure de boxe? Cela était en contradiction directe avec son affirmation.

Il est vrai que la boxe est un sport dominé par une présence masculine. Cela n'en fait pas un sport de gars. Ce genre de commentaire crée un obstacle officieux à la présence des femmes dans un domaine donné. 

Par exemple, il est possible pour une femme de nos jours de se diriger dans les métiers de la construction. Peu le font. Pourquoi? En partie parce qu'il s'agit d'un milieu hostile et toxique pour les femmes. Ce genre de commentaire participe à cette ambiance négative qui use les femmes et leur enlève l'envie de se diriger dans un domaine de travail ou de loisir. Ce n'est pas un commentaire anodin ni isolé. 

J'ai personnellement quitté la boxe en partie à cause de ce genre d'attitude.

Du plus, il y a une tendance croissante des hommes à réclamer leur espace dans les milieux principalement dominés par les femmes (infirmerie, garderies, etc). Réclamation qui est accueillie très positivement et je crois qu'un partage croissant des espaces est bénéfique pour tout le monde et pour la société. Mais plusieurs continuent aussi de vouloir chasse gardée dans les domaines traditionnellement masculins. Le beurre et l'argent du beurre...

mardi 9 avril 2013

Creepy Crawler

J'étais assise à mon bureau de travail quand j'ai senti une caresse légère dans le bas de mon cou et sur mes trapèzes. C'était un collègue qui entrait dans le bureau et voulait...je ne sais pas trop. Provoquer une réaction? Laquelle? Je ne sais pas non plus. Il a rit en disant: hou, creepy crawler.

J'ai dis que je n'aimais pas me faire toucher, qu'il m'avait freaké out. Pas de façon bête, mais pas en blague non plus.

Plus tard, toujours assise au même endroit, j'ai senti une main sur mon épaule. J'ai entendu mon collègue rire, de nouveau.

Ce genre de contact physique est fréquent sur mon lieu de travail. Et ce ne sont que les femmes qui  les subissent. Caresses des cheveux, petites tapes sur la tête. Je ne m'imagine pas quelle aurait été la réaction s'il avait fait la même chose à un collègue masculin, ou si moi je le faisais à un collègue.

Le corps des femmes comme objet communautaire, le respect de ses limites sont encore des enjeux majeurs dans notre société.

lundi 8 avril 2013

Où est ta maman?

C'est le temps des sucres! 

À la cabane à sucre, j'ai croisé une petite fille qui a dû manger, comme moi, de la saucisse, des oreilles de christ, du jambon, des œufs, des  boulettes de viande, de la soupe aux pois, des cretons, des marinades, du pâté à la viande, des patates, des pets de soeur, des crêpes au caramel, de la tarte au sucre, le tout napé de sirop et suivi de tire sur la neige. 

Sauf qu'elle, elle a vomi dans le corridor qui se rend aux toilettes.

Ça pas été long que les adultes autour sont allés la voir pour lui demander: où est ta maman? Plusieurs adultes différents à plusieurs moments différents lui ont demandé: où est ta maman? Pas où est ton papa ou bien où sont tes parents. Non. Où est ta maman? Encore une fois c'est la mère qui doit prendre soin de l'enfant, utiliser son temps pour ''travailler''.

D'aucuns me diront que le papa aussi est perdant dans l'histoire puisqu'il n'est pas considéré comme une option valable pour prendre soin de l'enfant. 

Effectivement, les rôles traditionnels véhiculés par le patriarcat peuvent aussi nuire aux hommes et ceci en est un bel exemple.

Je souligne tout de même que le rôle traditionnel associé aux mères est un fardeau plus lourd que le rôle traditionnel associé aux pères. On responsabilise encore beaucoup plus les mères du sort des enfants et on critique aussi leur absence beaucoup plus durement.

dimanche 7 avril 2013

La théorie de la subjectivité

Récemment, on a sollicité mon opinion concernant un événement dénoncé comme sexiste dans les médias.

Un des éléments utilisé dans mon argumentation était la survalorisation de l'apparence des femmes et la sous valorisation du reste de leurs caractéristiques. Suite à quoi on m'a répondu que cela était mon opinion et qu'elle mériterait d'être nuancée. 

Comme si ces faits que j'avais utilisé pour argumenter étaient subjectifs. Il est pratique commune de considérer que le point de vue des femmes est subjectif, alors que celui des hommes est objectif. 

Il n'est plus à démontrer que l'apparence des femmes est sur-valorisée et que leur compétence, intelligence, débrouillardise, etc sont sous-valorisées. Des études ont été fait à ce sujet. La plupart des gens le reconnaissent, même celles et ceux n'ayant pas une sensibilité féministe. 

Pourtant, on me répond comme si il s'agissait d'une opinion éditoriale. Tout cela, en plus du fait que je possède beaucoup plus de connaissances sur le sexisme et le féminisme que la personne ayant sollicité mon point de vue.

Que l'on veuille nuancer l'opinion globale exprimée est une chose, de considérer un fait comme subjectif en est une autre.

samedi 6 avril 2013

Laissez-moi parler (à lire sur l'air de Laissez-moi danser de Dalida)

Pendant un changement de quart au travail, nous parlions d'une cliente qui venait de se faire avorter. 

Étant sexologue et ayant déjà subi un avortement, je suis probablement l'employée la plus qualifiée du centre sur le sujet de  l'avortement et de ses conséquences. Malgré cela, mon collègue a donné plus de crédit à sa propre opinion, n'a pas considéré pertinent de profiter de mon expertise et a même manqué de respect à mon endroit en me coupant la parole à chaque fois que j'ai tenté de m'exprimer. Au bout du compte, je n'ai même pas pu donner toute l'information que je voulais afin d'aider mes collègues à aider la cliente.

Un comportement comme le sien est encore une pratique répandue dans de nombreux milieux. Il est encore difficile comme femme faire de se faire entendre dans des contextes de groupe et de travail. On nous accorde non seulement moins de temps de parole mais on y accorde aussi moins de crédit.

vendredi 5 avril 2013

Les hommes aussi...

L'acteur Américain Jon Hamm vit du harcèlement sexuel dans les médias depuis les derniers mois et il trouve cela très difficile. Avec raison.

Pour souligner cette réalité difficile, un contact Facebook a écrit: souvenez-vous que les hommes aussi des fois peuvent vivre du sexisme

Je veux clarifier certaines choses. Un isme (racisme, sexisme, homophobie, transphobie, ableism), c'est une discrimination systémique vécue en lien avec une caractéristique x. Comme blanche, je ne peux pas être victime de racisme. Quelqu'un peut bien me discriminer parce que je suis blanche, mais je vis dans une société où ma couleur me donne un avantage social, économique, professionnel, etc. Ainsi, une discrimination ponctuelle envers moi en lien avec ma couleur de peau ne constitue pas du racisme. 

Il en est de même pour Jon Hamm. Il vit du harcèlement sexuel, mais il ne vit pas du sexisme. 

Parler de isme lorsque ce n'en est pas invisibilise l'expérience de discrimination systémique que vivent les membres de certains groupes et cela est problématique.

De plus, il y a une tendance à comparer les expériences de violences et discriminations vécues par les hommes à celles vécues par les femmes. Il ne semble pas suffisant de dénoncer la violence vécue, il faut la comparer et affirmer une (fausse) symétrie de la violence pour la justifier. Cela a aussi pour conséquence d'invisibiliser les ismes.

Et comment dénoncer et régler quelque chose d'invisible?

jeudi 4 avril 2013

Le 4 du mois

Il y a un mois aujourd'hui, j'entamais mon projet de mise en lumière du sexisme quotidien. Je me mettais au défi de trouver 1 exemple par jour, le plus près de moi possible, d'une expression du sexisme de ma société. 

Au début je craignais que le projet meure dans l’œuf, incertaine de la fréquence du sexisme dont je pourrais être témoin.

Un mois plus tard, j'ai non seulement eu des exemples pour tous les jours, mais en plus ce ne sont que des exemples de choses vécues personnellement, et j'en ai en banque. Je n'ai pas eu recours à des expériences de mes proches encore. Cela me démontre à quel point le sexisme banal(isé), insidieux, subtil ou pas est encore fréquent de nos jours. Parce que si je vis ces expériences quotidiennement, les autres membres de la société ne font pas exception. Je ne suis pas une anomalie qui vit seule entourée de méchantes personnes. 

Ce premier mois mérite donc malheureusement sa propre entrée.

mercredi 3 avril 2013

Gainsbourg

Lors d'une journée d'activités avec des amiEs, nous avons abordé le sujet de Serge Gainsbourg et de son apparence. Nous avions de la difficulté à concevoir que plusieurs femmes l'aient trouvé attirant physiquement. 

Pour illustrer, mon ami a utilisé l'expression ''il s'est tapé''. 

Cette expression est problématique en ce qu'elle décrit une relation où une personne en utilise une autre sexuellement. Au même titre que ''baiser unE telLE'', par exemple. Dans ces expressions, une personne est passive, objet utilisé par l'autre pour satisfaire ses désirs sexuels. Une sexualité saine devrait être pratiquée en équipe, de façon consensuelle, pas d'une personne sur l'autre.

Dans notre société, ce sont principalement les hommes qui sur-utilisent ces expressions, principalement pour parler d'un homme utilisant une femme.

 Ici aussi les femmes sont limitées au rôle d'objet de désir, servant l'homme, et en position d'infériorité (http://feminismesquotidiens.blogspot.ca/2013/03/la-sexualite-comme-insulte-trigger.html).



 

mardi 2 avril 2013

Clign, clign, clign

J'étais à la caisse dans un petite épicerie de quartier lorsqu'un homme est entré, s'est placé en avant de moi, et a cogné avec son petit change sur le rebord du comptoir en métal.

Clign, clign, clign. Que ça a fait. La caissière était occupée au téléphone. Il a re-cogné. Cling, clign, clign encore. La caissière raccroche le téléphone, se retourne. L'homme tend la main dans les airs, le petit change pincé entre les doigts. Elle le regarde avec de l'interrogation dans le regard. Il tend la main plus vers elle, impatient. 

Elle demande - Oui?
Il répond, impatient et bête - Deux sacs en plastique! 
Haaaa, qu'elle fait.

Elle lui remet les deux sacs, tend la main pour recevoir le change. Il prend les sacs, dépose violemment son dix sous sur le comptoir et repart d'où il est venu.

D'abord, il a coupé la ligne d'attente à la caisse. Se sentait le droit de le faire pourquoi? Parce qu'il ne voulait que deux sacs? Parce que son temps est précieux? D'une façon où d'une autre, je reviens au principe de l'utilisation de l'espace, du temps et de l'importance qui leur est accordée en fonction de notre genre. 

Ensuite, il a eu un manque flagrant de respect envers la caissière. Encore une fois, interrompre son action à elle car son besoin à lui est plus pressant que ce qu'elle est en train de faire. Puis, d'une façon très irrespectueuse. Ne pas s'adresser à elle verbalement mais en attirant son attention de façon cavalière, exprimer de la frustration devant son incompréhension devant la demande implicite, puis manquer de respect au moment de la transaction avec un geste d'agressivité. J'ai rarement vu des hommes faisant du service à la clientèle se faire traiter aussi mal.

De plus, se sont principalement les femmes qui occupent ce genre d'emplois et qui sont donc plus exposées à ce genre de traitement. Personnellement, dans mon expérience au service à la clientèle j'ai été; touchée sexuellement contre mon gré (principalement agrippée les fesses), harcelée (client qui refusent que je ne veuille pas sortir avec eux), insultée (vache, salope, idiote, etc), mise au défi (montre moi donc si tu peux faire ci, ça, envoie, frappe-moi voir) et ce, à tant de reprises que je ne peux les compter. Et les femmes de mon entourage me rapportent des expériences similaires. Il s'agit là d'une discrimination systémique fréquente, violente et problématique. 

lundi 1 avril 2013

Encore les tâches domestiques

Lors d'une soirée chez une amie pour son shower de bébé, j'ai remarqué encore une tendance au niveau des tâches. 

Encore une fois les femmes étaient les seules à aider à préparer la table, à servir le gâteau et à aider à nettoyer.

Mon partenaire m'a fait remarquer que lui, avait aidé à servir le gâteau. Je lui ai répondu qu'il avait été sollicité par moi, donc qu'il n'était pas volontaire, et seulement après qu'il ait passé plusieurs minutes à critiquer ma façon de couper le dit gâteau...

Encore une fois, pour de plus amples explications, je vous invite à consulter les entrées précédentes au sujet des tâches ménagères.