dimanche 11 août 2013

Chicanes de filles (première partie)

Commentaire d'une copine référant à l'ambiance de conflit dans son milieu de travail:

Les chicanes de filles, là. Dit sur un ton méprisant, en roulant des yeux et en balayant l'air de la main. 

Le message: les dites ''chicanes de filles'' sont triviales et méprisables. 

Son commentaire, principalement le non verbal associé, représente bien la vision de la société des tensions entre femmes. Les conflits impliquant uniquement des femmes et les enjeux spécifiquement féminins sont habituellement perçus comme superficiels et indignes d'attention et de dépense d'énergie.

On n'accorde pas de crédibilité aux tensions entre femmes. Ainsi, on ne prend habituellement pas le temps de se pencher sur les origines de ces tensions. Dans ce cas-ci: changement dans la direction de l'entreprise, arrivée de nouvelles employées, départs d'employées, sentiment d'insécurité au travail et face à l'avenir. 

Cette réalité a différentes conséquences à différents niveaux. D'abord, on appuie le message social selon lequel les enjeux des femmes et concernant les femmes sont de moindre importance. Ensuite, le conflit peut possiblement être résorbé puisque les femmes ont la capacité de négocier, de communiquer et de résoudre des conflits. Mais il se peut aussi qu'à force de ne pas adresser la source du problème, on laisse une situation problématique s'envenimer  inutilement. 

samedi 10 août 2013

Une affaire de gars

L'autre jour, pendant une période tranquille au travail, je suis allée voir ce à quoi mes collègues de l'autre équipe s'occupaient. Arrivée dans leur bureau, je les ai vus tous trois à fixer le même ordinateur. Je leur ai demandé  ce qu'ils faisaient.

Des affaires de gars, m'ont-ils répondu. 

Je vous invite à aller lire ma dernière entrée pour une explication plus en profondeur. Féminismes Quotidiens : Bottes

Au delà de ça, leur réponse vague et expéditive passait un message clair: mon exclusion. D'abord, ils ont maintenue obscure leur activité, ce qui me pousse à comprendre qu'ils ne voulaient pas que je sache ce qu'ils faisaient. Puis, ils ont enfoncé le clou en me disant que c'était une affaire de gars. Donc pas de mes affaires. 

Ce genre d'attitude de boys club contribue à l'exclusion et à l'auto-exclusion des femmes des milieux masculins. Je me retrouvais devant le choix de me retirer ou de m'imposer en sachant que je n'était pas la bienvenue et d'en subir les conséquences. Donc devant un non choix. Comme tant d'entre nous devant des groupes-milieux masculins.

vendredi 9 août 2013

Bottes

Pendant mes vacances je me suis acheté une paire de bottes. Des belles Dr. Martens à 14 trous,  rouges. On peut les replier et il y a des motifs floraux à l'intérieur.

Le premier commentaire de mon collègue après ma description: ah, des bottes de fille.

Je sais que le discours ambiant de société sur les rôles de genre tend de plus en plus vers la banalisation et l'acceptation de la séparation des genres. Pourtant je maintiens qu'elle est problématique. 

Ces catégories de rôles genres (qui, il n'y a pas si longtemps confinait les femmes à la maison, dois-je le rappeler) sont nocives pour tout le monde. Tant pour l'adolescente qui voudrait jouer au soccer avec les gars que pour le gars intello qui aime bien les comédies romantiques. Sortir des sentiers battus peut nous coûter la vie.

Combien de garçons ont été assassinés pour avoir ouvertement exprimé leur féminité en publique? Combien de filles violées parce qu'elles aimaient d'autres filles?

Des  commentaires comme celui de mon collègues sont de petites pierres qui construisent cet édifice d'intolérance et de violence. 

Dans ces catégories rigides, les femmes sont perdantes en termes de privilèges associés et accordés au rôle de genre. D'où l'aspect sexiste du commentaire, même si tout le monde en souffre ultimement.

Sans voix

L'autre jour en joggant, un homme en camionnette m'a envoyé des becs par sa fenêtre.

D'abord, je suis mistifiée parce que ça se fait encore. 

Puis, ce genre de harcèlement maintient et contribue au contrôle social des femmes qui évitent certains endroits à certains moment à cause de ce type de comportement.  Ce genre de harcèlement rend l'espace publique désagréable et menaçant. Il laisse planer le risque omniprésent de l'agression sexuelle et contribue à l'objectification des femmes.



mercredi 7 août 2013

3$

Au retour de chez une amie qui habite sur la rive-nord, j'ai réalisé que mes billets de métro citadins n'étaient pas acceptés dans cette ville. Je suis donc allée à la cabine de métro pour acheter un billet. Je me suis informée du prix. Le commis m'a dit que c'était 3$. Je sortais les sous de mon porte monnaie lorsque son collègue a dit quelque chose que je n'ai pas compris. Je les ai donc regardé avec un sourire et un regard interrogateur. Le commis m'a répété le propos de son colègue.

Pour les belles filles c'est trois dollars.

Ah, donc les laides (selon qui?) doivent payer plus cher (pour compenser?). Ou moins cher (parce qu'elles font pitié?).

S'il voulait me dire qu'il me trouvait belle, il aurait pu me le dire directement.

S'il voulait renforcer la cuture qui valorise les femmes seulement selon leur apparence, c'est réussi. 

Le problème est situé dans le fait que 9 fois sur 10 que je me fais complimenter, c'est sur mon apparence. Il faut un équilibre. Autrement, on enregistre que notre apparence est la chose la plus importante de nous. Et ça ne construit pas une identité très solide et ne valorise pas ce qui constitue l'essence d'une personne.

J'ajouterais que je me suis souvent fais dire que je recevais un privilège, souvent financier et que je navais pas demandé, en raison de mon apparence, que je n'avais pas proposé en échange de quoi que ce soit. Ok, je te le fais à ce prix là parce que tes yeux me font de l'effet.  Non merci, alors. J'ai négocié bec et ongles et je veux que ce soit reconnu. Cette attitde renforce une culture d'exploitation du corps des femmes.

À ce jour, je ne me suis jamais fais dire: pour les femmes confiantes, c'est 3$.

mardi 6 août 2013

Moi veux, moi prends

Je payais mes achats dans un commerce lorsque le caisser a agrippé mon bras droit, l'a tiré vers lui,  lui a fait faire une torsion vers l'extérieur et a observé l'intérieur de mon avant bras.

Il avait apperçu mon tatouage et voulais voir si c'était ce qu'il croyait. 

J'ai souvent subi ce genre d'appropriation de mon corps par des étrangers. Que ce soit pour observer mes tatouages, percages, vêtements, je me suis souvent faite toucher, caresser, agrippée, tenir, tourner, sans me faire demander mon avis ou mon consentement. Les quelques fois ou j'ai protesté, je me suis habituellement fait servir un discours à l'effet que j'étais trop sensible et tendue.

J'imagine mal le caisser faire subir le même traitement à un homme. Je l'imagine mal parce que les hommes ne s'approprient pas ainsi le corps d'autres hommes dans notre société. On trouverait cela complètement déplacé, bizarre. Par contre l'appropriation du corps des femmes est si banalisée que de la contester devient l'anomalie.

Cette culture renvoie aux femmes le message que les hommes ont effectivement des droits sur nos corps, que notre désir d'être touchée ou pas est moins important que le désir de l'autre de nous toucher. Encore une fois, nous sommes de moindre importance.

Changez de disque

Tu a l'air bien, tu as perdu du poids?

Ce que je me suis fais dire par une amie que je n'avais pas vue depuis deux mois. 

J'ai déjà expliqué en quoi nous vivons dans une société qui exerce une pression malsaine sur les femmes en ce qui concerne leur apparence, spécialement le poids. Chaque nouvelle entrée à ce sujet représente la pression due à la répétition constante du discours.