dimanche 7 avril 2013

La théorie de la subjectivité

Récemment, on a sollicité mon opinion concernant un événement dénoncé comme sexiste dans les médias.

Un des éléments utilisé dans mon argumentation était la survalorisation de l'apparence des femmes et la sous valorisation du reste de leurs caractéristiques. Suite à quoi on m'a répondu que cela était mon opinion et qu'elle mériterait d'être nuancée. 

Comme si ces faits que j'avais utilisé pour argumenter étaient subjectifs. Il est pratique commune de considérer que le point de vue des femmes est subjectif, alors que celui des hommes est objectif. 

Il n'est plus à démontrer que l'apparence des femmes est sur-valorisée et que leur compétence, intelligence, débrouillardise, etc sont sous-valorisées. Des études ont été fait à ce sujet. La plupart des gens le reconnaissent, même celles et ceux n'ayant pas une sensibilité féministe. 

Pourtant, on me répond comme si il s'agissait d'une opinion éditoriale. Tout cela, en plus du fait que je possède beaucoup plus de connaissances sur le sexisme et le féminisme que la personne ayant sollicité mon point de vue.

Que l'on veuille nuancer l'opinion globale exprimée est une chose, de considérer un fait comme subjectif en est une autre.

samedi 6 avril 2013

Laissez-moi parler (à lire sur l'air de Laissez-moi danser de Dalida)

Pendant un changement de quart au travail, nous parlions d'une cliente qui venait de se faire avorter. 

Étant sexologue et ayant déjà subi un avortement, je suis probablement l'employée la plus qualifiée du centre sur le sujet de  l'avortement et de ses conséquences. Malgré cela, mon collègue a donné plus de crédit à sa propre opinion, n'a pas considéré pertinent de profiter de mon expertise et a même manqué de respect à mon endroit en me coupant la parole à chaque fois que j'ai tenté de m'exprimer. Au bout du compte, je n'ai même pas pu donner toute l'information que je voulais afin d'aider mes collègues à aider la cliente.

Un comportement comme le sien est encore une pratique répandue dans de nombreux milieux. Il est encore difficile comme femme faire de se faire entendre dans des contextes de groupe et de travail. On nous accorde non seulement moins de temps de parole mais on y accorde aussi moins de crédit.

vendredi 5 avril 2013

Les hommes aussi...

L'acteur Américain Jon Hamm vit du harcèlement sexuel dans les médias depuis les derniers mois et il trouve cela très difficile. Avec raison.

Pour souligner cette réalité difficile, un contact Facebook a écrit: souvenez-vous que les hommes aussi des fois peuvent vivre du sexisme

Je veux clarifier certaines choses. Un isme (racisme, sexisme, homophobie, transphobie, ableism), c'est une discrimination systémique vécue en lien avec une caractéristique x. Comme blanche, je ne peux pas être victime de racisme. Quelqu'un peut bien me discriminer parce que je suis blanche, mais je vis dans une société où ma couleur me donne un avantage social, économique, professionnel, etc. Ainsi, une discrimination ponctuelle envers moi en lien avec ma couleur de peau ne constitue pas du racisme. 

Il en est de même pour Jon Hamm. Il vit du harcèlement sexuel, mais il ne vit pas du sexisme. 

Parler de isme lorsque ce n'en est pas invisibilise l'expérience de discrimination systémique que vivent les membres de certains groupes et cela est problématique.

De plus, il y a une tendance à comparer les expériences de violences et discriminations vécues par les hommes à celles vécues par les femmes. Il ne semble pas suffisant de dénoncer la violence vécue, il faut la comparer et affirmer une (fausse) symétrie de la violence pour la justifier. Cela a aussi pour conséquence d'invisibiliser les ismes.

Et comment dénoncer et régler quelque chose d'invisible?

jeudi 4 avril 2013

Le 4 du mois

Il y a un mois aujourd'hui, j'entamais mon projet de mise en lumière du sexisme quotidien. Je me mettais au défi de trouver 1 exemple par jour, le plus près de moi possible, d'une expression du sexisme de ma société. 

Au début je craignais que le projet meure dans l’œuf, incertaine de la fréquence du sexisme dont je pourrais être témoin.

Un mois plus tard, j'ai non seulement eu des exemples pour tous les jours, mais en plus ce ne sont que des exemples de choses vécues personnellement, et j'en ai en banque. Je n'ai pas eu recours à des expériences de mes proches encore. Cela me démontre à quel point le sexisme banal(isé), insidieux, subtil ou pas est encore fréquent de nos jours. Parce que si je vis ces expériences quotidiennement, les autres membres de la société ne font pas exception. Je ne suis pas une anomalie qui vit seule entourée de méchantes personnes. 

Ce premier mois mérite donc malheureusement sa propre entrée.

mercredi 3 avril 2013

Gainsbourg

Lors d'une journée d'activités avec des amiEs, nous avons abordé le sujet de Serge Gainsbourg et de son apparence. Nous avions de la difficulté à concevoir que plusieurs femmes l'aient trouvé attirant physiquement. 

Pour illustrer, mon ami a utilisé l'expression ''il s'est tapé''. 

Cette expression est problématique en ce qu'elle décrit une relation où une personne en utilise une autre sexuellement. Au même titre que ''baiser unE telLE'', par exemple. Dans ces expressions, une personne est passive, objet utilisé par l'autre pour satisfaire ses désirs sexuels. Une sexualité saine devrait être pratiquée en équipe, de façon consensuelle, pas d'une personne sur l'autre.

Dans notre société, ce sont principalement les hommes qui sur-utilisent ces expressions, principalement pour parler d'un homme utilisant une femme.

 Ici aussi les femmes sont limitées au rôle d'objet de désir, servant l'homme, et en position d'infériorité (http://feminismesquotidiens.blogspot.ca/2013/03/la-sexualite-comme-insulte-trigger.html).



 

mardi 2 avril 2013

Clign, clign, clign

J'étais à la caisse dans un petite épicerie de quartier lorsqu'un homme est entré, s'est placé en avant de moi, et a cogné avec son petit change sur le rebord du comptoir en métal.

Clign, clign, clign. Que ça a fait. La caissière était occupée au téléphone. Il a re-cogné. Cling, clign, clign encore. La caissière raccroche le téléphone, se retourne. L'homme tend la main dans les airs, le petit change pincé entre les doigts. Elle le regarde avec de l'interrogation dans le regard. Il tend la main plus vers elle, impatient. 

Elle demande - Oui?
Il répond, impatient et bête - Deux sacs en plastique! 
Haaaa, qu'elle fait.

Elle lui remet les deux sacs, tend la main pour recevoir le change. Il prend les sacs, dépose violemment son dix sous sur le comptoir et repart d'où il est venu.

D'abord, il a coupé la ligne d'attente à la caisse. Se sentait le droit de le faire pourquoi? Parce qu'il ne voulait que deux sacs? Parce que son temps est précieux? D'une façon où d'une autre, je reviens au principe de l'utilisation de l'espace, du temps et de l'importance qui leur est accordée en fonction de notre genre. 

Ensuite, il a eu un manque flagrant de respect envers la caissière. Encore une fois, interrompre son action à elle car son besoin à lui est plus pressant que ce qu'elle est en train de faire. Puis, d'une façon très irrespectueuse. Ne pas s'adresser à elle verbalement mais en attirant son attention de façon cavalière, exprimer de la frustration devant son incompréhension devant la demande implicite, puis manquer de respect au moment de la transaction avec un geste d'agressivité. J'ai rarement vu des hommes faisant du service à la clientèle se faire traiter aussi mal.

De plus, se sont principalement les femmes qui occupent ce genre d'emplois et qui sont donc plus exposées à ce genre de traitement. Personnellement, dans mon expérience au service à la clientèle j'ai été; touchée sexuellement contre mon gré (principalement agrippée les fesses), harcelée (client qui refusent que je ne veuille pas sortir avec eux), insultée (vache, salope, idiote, etc), mise au défi (montre moi donc si tu peux faire ci, ça, envoie, frappe-moi voir) et ce, à tant de reprises que je ne peux les compter. Et les femmes de mon entourage me rapportent des expériences similaires. Il s'agit là d'une discrimination systémique fréquente, violente et problématique. 

lundi 1 avril 2013

Encore les tâches domestiques

Lors d'une soirée chez une amie pour son shower de bébé, j'ai remarqué encore une tendance au niveau des tâches. 

Encore une fois les femmes étaient les seules à aider à préparer la table, à servir le gâteau et à aider à nettoyer.

Mon partenaire m'a fait remarquer que lui, avait aidé à servir le gâteau. Je lui ai répondu qu'il avait été sollicité par moi, donc qu'il n'était pas volontaire, et seulement après qu'il ait passé plusieurs minutes à critiquer ma façon de couper le dit gâteau...

Encore une fois, pour de plus amples explications, je vous invite à consulter les entrées précédentes au sujet des tâches ménagères.